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samedi 29 avril 2017
Motricité fine : pincer et tenir minutieusement
Motricité fine : à la découverte de mon index
Motricité fine : à la découverte de mon index
Le clavier en pâte à modeler
Avec un rouleau de pâte à modeler assez long, appuyer fort ou doucement sur le rouleau comme pour écrire un code de la gauche vers la droite. Faire reproduire cette frise aux enfants. Associer ensuite un son rigolo au geste fort et un autre pour le doucement. Il ne reste plus qu’à chanter les petites musiques ainsi produites
Dessin dans plateau de semoule ou sableDans un plateau ou une plaque de four éventuellement, déposer une couche uniforme de semoule ou de sable ou de sel. Les enfants pourront alors dessiner des formes ou simplement promener leur doigt dans le plateau pour y voir apparaitre des formes. A la fois sensoriel et relaxant, ce jeu est très apprécié des enfants.
Peinture en sprayRemplir un vaporisateur pistolet, avec une gâchette souple si possible, de peinture mélangée avec de l’eau. Puis laisser les enfants exprimer leur créativité sur une grande fresque au mur ou au sol.
A lire sur ce sujet : la motricité en 4 points-clefs
Motricité fine : délier et dissocier
Motricité fine : délier et dissocier
Les instruments de musiqueLes instruments à corde et les claviers permettent de mobiliser plusieurs doigts en même temps. Faire découvrir les différents sons en proposant aux enfants de gratter ou frapper les touches de différentes façons comme :
• Avec les doigts collés
• Avec les doigts écartés tendus puis bien souples
• Un doigt après l’autre
• Rapidement puis lentement
• Demander ensuite aux enfants de montrer la façon qu’ils ont préféré
Massages de ballesFaire rouler une balle sur les différentes parties du corps en essayant que les enfants fassent bouger leurs doigts au maximum. Ils ont vite tendance à frotter la balle plus que la faire rouler. Donc bien leur montrer le geste à produire.
Proposer si possible différentes balles afin de trouver celle qui correspond le plus à leur petite main : des dures, des molles, des petites, avec ou sans picots etc.
Habiller des poupéesEnfiler des petits habits, mettre des pressions et surtout boutonner sont d’excellents jeux pour découvrir l’importance des 2 mains et la coopération de chaque doigt dans un but précis. A appliquer également sur les enfants eux même.
Avec des élastiquesSe munir d’une boite d’élastique et demander aux enfants de les enfiler autour d’une boite de conserve ou d’un verre les uns au-dessus des autres.
A lire sur le sujet : La motricité fine en 4 points-clefs
Motricité fine : toucher et malaxer
COMMENT STIMULER LA MOTRICITÉ FINE DES TOUT-PETITS
Motricité fine : toucher et malaxer
Jeu de KimAvec un sac à toucher , proposer aux enfants de bien utiliser tous les doigts pour découvrir la forme de l’objet caché. Il peut également être intéressant de placer des petits coussins sensoriels à l’intérieur (comme ceux-ci de chez Hop toys)
La main à la pâteLes ateliers de cuisine et la confection de pâtes à tarte et autre crumbles à effriter sont des activités idéales pour renforcer les muscles de la main.
Empreintes de papierProposer des chutes de papiers de différentes textures comme du papier aluminium, du papier cuisson, du papier glacé ou encore du crépon. Demander ensuite aux enfants de les froisser (parfait pour les tout petits) ou d’en faire des petites boules. Les boules peuvent être faites à une main ou par pression des deux mains ou en les faisant rouler sur un plan dur. Les enfants pourront ensuite les tamponner dans de la peinture (adapter la prise à un objet souple) ou les faire rouler dans une peinture d’une autre couleur.
Les bacs de grainsRemplir des boites assez profondes (boites de lait en poudre par exemple) avec des graines (1er prix) : des haricots, de la semoule, du riz, des lentilles. Y cacher un objet ou laisser les enfants transvaser d’un bac à l’autre seulement à l’aide des mains pour sentir les grains s’écouler entre les doigts et adapter la préhension au volume qui diminue.
A lire sur le sujet : La motricité fine en 4 points-clefs
Coliques et régurgitations
Coliques, régurgitations et choix du biberon
Car ils sont souvent impressionnants dans leurs manifestations. Et si changer de biberon pouvait améliorer les choses … !
Elles débutent en général vers un mois pour s’arrêter spontanément aux alentours des 4 mois du nourrisson. Elles ne sont pas graves, ne signalent aucun problème de santé important mais déclenchent de fortes douleurs au ventre chez le petit bébé. Et donnent lieu à des crises de pleurs très violentes. Le bébé hurle, serre les poings, raidit ses jambes et a le ventre dur. Les "crises" de pleurs sont quotidiennes et peuvent durer de 3 à 10 heures par jour ! C'est dire si c'est stressant pour les parents, voire les professionnels.
Les régurgitations : une source d'inquiétude pour les parents
Les régurgitations concernent entre 25% et 40% des bébés. Là encore elles sont pour la plupart du temps bénignes, mais parfois spectaculaires : le bébé recrache juste après avoir mangé, par jets soudains, des quantités de lait parfois importantes. C’est qu’avant six mois le petit clapet situé en bas de l’œsophage censé empêcher les remontées de lait est encore immature. Ce reflux dit physiologique n’est pas douloureux pour le bébé mais inquiéte bon nombre de parents. A vous professionnels de les rassurer et de leur donner les conseils adéquats.
80% de coliques en moins !
Il existe parfois des solutions simples à ces soucis digestifs. Ainsi changer de biberon peut améliorer les choses. Les mamans ont plébiscité Easy Start Anti-ColiqueTM. Leur constat : 80% de coliques en moins*. La base aérée permet au bébé de boire comme au sein, à son rythme.
Tétine acceptée par 94% des bébés** : ultra-douce et souple elle est instinctivement reconnue par bébé.
Ces deux spécificités permettent à Easy Start Anti-ColiqueTM d’avoir une action non seulement anti-colique mais aussi anti-régurgitation prouvée scientifiquement.
Bon à savoir : Entièrement démontable, le biberon Easy Start Anti-ColiqueTM est très facile à nettoyer. Par ailleurs, il bénéficie d’un système d’auto-stérilisation.
*Etude conduite par des pédiatres, Autriche 2011, auprès de 73 mères/Etude consommateur, USA 2010, auprès de 35 mères
**Etude utilisateur 2009-2014 auprès de 1349 bébés.
Reflux gastro-oesophagien (RGO)
Le reflux gastro-oesophagien pathologique (RGO)
Le reflux gastro-oesophagien pathologique se traduit par des régurgitations qui s’accompagnent généralement de grimaces et de pleurs, signe qu’elles sont acides et que leur passage dans l’œsophage est gênant, voire douloureux. Il faut en parler à un médecin car ces remontés exposent à la longue à des risques de lésions au niveau de l’oesophage. Si elles sont teintées de sang, les parents doivent consulter en urgence car c’est probablement le symptôme d’une oesophagite et cette inflammation nécessite une prise en charge adaptée.
Le traitement : des anti - acides sur une durée limitée
Les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) permettant de stopper les sécrétions acides de l’estomac sont aujourd’hui considérés comme le traitement de référence. Mais ce traitement doit donner des résultats au bout de 15 jours. Il ne doit pas être prolongé plus de 4 à 6 semaines et il ne faut pas augmenter les doses sans l’avis d’un médecin. Vous pouvez administrer ce traitement à partir du moment où les parents vous présentent une ordonnance. Parallèlement au traitement médicamenteux, il faut adopter les précautions hygiéno-diététiques recommandées face à des régurgitations non-pathologiques.
Le RGO sans reflux
Un enfant peut souffrir de reflux gastro-oesophagien sans pour autant régurgiter. Le diagnostic est alors plus difficile à établir : les signes ne concernent pas la sphère digestive mais les sphères ORL et pulmonaire. Voilà pourquoi devant une toux chronique nocturne ou des otites à répétition résistant aux traitements habituels ou non expliquées par une éventuelle allergie ou un tabagisme passif, le médecin pourra être amené à prescrire une pHmétrie. Non douloureux, cet examen consistant à placer pendant 24 heures une microsonde dans le bas-œsophage pour quantifier l’acidité qui y règne reste invasif. Il n’est donc décidé qu’au cas par cas.
mercredi 26 avril 2017
Une question de confiance
Une question de confiance
Par Françoise Näser
Assistante maternelle, auteure
« Il faut bien faire confiance » se dit Maman en sortant de chez sa toute nouvelle assistante maternelle, un gros nœud dans la gorge, une irrépressible envie de pleurer. Jamais, jamais elle n'aurait pu soupçonner qu'il serait si difficile de confier son enfant, si difficile de choisir la bonne personne, celle qui allait prendre soin de son bébé sans chercher non plus à lui voler sa place dans son cœur. Comment savoir, une fois la porte fermée, une fois le dernier sourire, le dernier au revoir de la main, comment savoir ce qu'il se passe vraiment ? Quelle angoisse, tout de même, de confier son bébé à une inconnue ! Même si elle fait plutôt bonne impression, même si sa famille est sympathique, même si son intérieur est accueillant. Son bébé à elle, cette extension de son propre corps, sa petite « Crevette d'amour » est restée derrière elle, c'est un fait. Culpabilité ? Un peu quand même. Même si Maman est ravie de retrouver son travail, même si, pour être tout à fait honnête, ses collègues lui ont bien manqué, qu'y a-t-il de naturel à voir son bébé dans les bras d'une autre femme ? Pourtant, tout se passe bien : l'adaptation, cette période où chacun prend ses marques à son rythme, où on se découvre les uns les autres, ses habitudes, ses petites manies, l'adaptation est en bonne voie. Bébé reste maintenant de longues heures chez sa nounou sans soucis : lorsque Maman arrive le matin, son assistante maternelle prend le temps nécessaire pour la rassurer, et, le soir, lorsque Maman repart, elle écoute en buvant du petit lait le compte rendu de ces quelques heures, émaillé d'une petite anecdote « aujourd’hui, il a attrapé un hochet sur son tapis de jeu» ou bien « il a bu son biberon plus rapidement qu'hier et n'a pas eu de régurgitation cette fois-ci».
« Il faut bien faire confiance » se dit Bébé, dans les bras de sa nounou. Comment faire autrement ? Du haut de ses 3 mois, il n'a pas vraiment d'autres choix ! Ses parents ont décidé de le confier à cette femme tandis qu'ils partent travailler : il compte donc maintenant sur celle qui n'est pas sa maman, pour le nourrir, le maintenir au propre, le faire dormir. Mais aussi le faire rire, le consoler, l'écouter et bien d'autres choses encore. C'est vrai que dans ses bras, il se sent plutôt bien, et que même si ce n'est pas l'odeur bien connue de sa maman, cette étrangère sent plutôt bon. Il a vraiment envie de lui faire confiance, de s'abandonner en toute sérénité dans ces bras qui bercent tout en douceur, en l'écoutant fredonner des comptines. Chante-t-elle pour lui tout seul ? Car il y a d'autres enfants, il les a vus ! Et surtout entendus. Ils sont assez chamailleurs, et passent de temps en temps dans son champ de vision : ils sont bien plus grands et ont l'air de faire des choses passionnantes. L'un a un objet rouge dans la main et le lui agite devant le nez en demandant « Nounou, tu crois qu'il veut jouer avec la voiture ? » Bien sûr qu'il voudrait pouvoir attraper ce bel objet, même s'il ne sait vraiment pas ce que c'est. Un autre s'approche et réclame lui aussi un biberon de lait. Il semblerait que d'autres personnes partagent son régime alimentaire, quelle surprise ! Dès qu'il aura fini sa sieste, il tentera d'en apprendre plus, parce que pour le moment, ses yeux se font lourds et il espère regagner au plus vite son joli lit à barreaux et son doudou. Un dernier câlin, une dernière caresse rassurante et le voilà installé confortablement dans la pénombre.
« Il faut bien faire confiance » se dit l'assistante maternelle face à cette nouvelle famille. C'est qu'elle en a vu de toutes les couleurs dans sa carrière ! Elle pourrait en raconter des anecdotes tristes ou risibles, inquiétantes ou amusantes ; des expériences elle en a faites, parfois de très mauvaises et parfois de très bonnes. Chaque nouvel accueil apporte son lot de surprises et de la même façon qu'aucun enfant n'est semblable, aucun accueil ne se déroule de la même manière. Chaque famille a ses horaires, ses habitudes, ses souhaits en matière d'éducation : il faut savoir s'adapter tout en gardant le cap. Comment vont se comporter ces employeurs-là ? Vont-ils respecter les horaires et toutes les autres clauses du contrat établi ? Va-t-elle être rémunérée en temps et en heure ou bien devra-t-elle réclamer tous les mois son salaire ? Va-t-elle devoir batailler pour ses congés ? Elle a déjà connu tout ça, et plus d'une fois ! Comment vont se comporter ces jeunes parents avec elle ? Sera-t-elle pour eux une personne-ressource ou bien uniquement leur salariée ? S'établira-t-il au fil du temps une relation amicale ou strictement professionnelle ? L'adaptation du bébé se passe très bien : il semble s'acclimater rapidement et sa maman, bien que visiblement stressée, paraît plus sereine de jour en jour. Les deux femmes commencent à s'émerveiller ensemble des petits progrès accomplis quotidiennement par le bébé. « Ce n'est pas facile pour les parents de confier leurs enfants. Pour avoir le cœur en paix, il faut qu'ils fassent confiance à la nounou, et nous aussi. Quand les grandes personnes se font confiance, qu'elles se parlent bien, les enfants se sentent en sécurité, ils sont tranquilles. » (1) La confiance est au cœur de cette relation : les graines en ont été semées, elles restent à cultiver et à croître au fil du temps.
(1) Docteur Catherine Dolto « Les nounous »
« Il faut bien faire confiance » se dit Maman en sortant de chez sa toute nouvelle assistante maternelle, un gros nœud dans la gorge, une irrépressible envie de pleurer. Jamais, jamais elle n'aurait pu soupçonner qu'il serait si difficile de confier son enfant, si difficile de choisir la bonne personne, celle qui allait prendre soin de son bébé sans chercher non plus à lui voler sa place dans son cœur. Comment savoir, une fois la porte fermée, une fois le dernier sourire, le dernier au revoir de la main, comment savoir ce qu'il se passe vraiment ? Quelle angoisse, tout de même, de confier son bébé à une inconnue ! Même si elle fait plutôt bonne impression, même si sa famille est sympathique, même si son intérieur est accueillant. Son bébé à elle, cette extension de son propre corps, sa petite « Crevette d'amour » est restée derrière elle, c'est un fait. Culpabilité ? Un peu quand même. Même si Maman est ravie de retrouver son travail, même si, pour être tout à fait honnête, ses collègues lui ont bien manqué, qu'y a-t-il de naturel à voir son bébé dans les bras d'une autre femme ? Pourtant, tout se passe bien : l'adaptation, cette période où chacun prend ses marques à son rythme, où on se découvre les uns les autres, ses habitudes, ses petites manies, l'adaptation est en bonne voie. Bébé reste maintenant de longues heures chez sa nounou sans soucis : lorsque Maman arrive le matin, son assistante maternelle prend le temps nécessaire pour la rassurer, et, le soir, lorsque Maman repart, elle écoute en buvant du petit lait le compte rendu de ces quelques heures, émaillé d'une petite anecdote « aujourd’hui, il a attrapé un hochet sur son tapis de jeu» ou bien « il a bu son biberon plus rapidement qu'hier et n'a pas eu de régurgitation cette fois-ci».
« Il faut bien faire confiance » se dit Bébé, dans les bras de sa nounou. Comment faire autrement ? Du haut de ses 3 mois, il n'a pas vraiment d'autres choix ! Ses parents ont décidé de le confier à cette femme tandis qu'ils partent travailler : il compte donc maintenant sur celle qui n'est pas sa maman, pour le nourrir, le maintenir au propre, le faire dormir. Mais aussi le faire rire, le consoler, l'écouter et bien d'autres choses encore. C'est vrai que dans ses bras, il se sent plutôt bien, et que même si ce n'est pas l'odeur bien connue de sa maman, cette étrangère sent plutôt bon. Il a vraiment envie de lui faire confiance, de s'abandonner en toute sérénité dans ces bras qui bercent tout en douceur, en l'écoutant fredonner des comptines. Chante-t-elle pour lui tout seul ? Car il y a d'autres enfants, il les a vus ! Et surtout entendus. Ils sont assez chamailleurs, et passent de temps en temps dans son champ de vision : ils sont bien plus grands et ont l'air de faire des choses passionnantes. L'un a un objet rouge dans la main et le lui agite devant le nez en demandant « Nounou, tu crois qu'il veut jouer avec la voiture ? » Bien sûr qu'il voudrait pouvoir attraper ce bel objet, même s'il ne sait vraiment pas ce que c'est. Un autre s'approche et réclame lui aussi un biberon de lait. Il semblerait que d'autres personnes partagent son régime alimentaire, quelle surprise ! Dès qu'il aura fini sa sieste, il tentera d'en apprendre plus, parce que pour le moment, ses yeux se font lourds et il espère regagner au plus vite son joli lit à barreaux et son doudou. Un dernier câlin, une dernière caresse rassurante et le voilà installé confortablement dans la pénombre.
« Il faut bien faire confiance » se dit l'assistante maternelle face à cette nouvelle famille. C'est qu'elle en a vu de toutes les couleurs dans sa carrière ! Elle pourrait en raconter des anecdotes tristes ou risibles, inquiétantes ou amusantes ; des expériences elle en a faites, parfois de très mauvaises et parfois de très bonnes. Chaque nouvel accueil apporte son lot de surprises et de la même façon qu'aucun enfant n'est semblable, aucun accueil ne se déroule de la même manière. Chaque famille a ses horaires, ses habitudes, ses souhaits en matière d'éducation : il faut savoir s'adapter tout en gardant le cap. Comment vont se comporter ces employeurs-là ? Vont-ils respecter les horaires et toutes les autres clauses du contrat établi ? Va-t-elle être rémunérée en temps et en heure ou bien devra-t-elle réclamer tous les mois son salaire ? Va-t-elle devoir batailler pour ses congés ? Elle a déjà connu tout ça, et plus d'une fois ! Comment vont se comporter ces jeunes parents avec elle ? Sera-t-elle pour eux une personne-ressource ou bien uniquement leur salariée ? S'établira-t-il au fil du temps une relation amicale ou strictement professionnelle ? L'adaptation du bébé se passe très bien : il semble s'acclimater rapidement et sa maman, bien que visiblement stressée, paraît plus sereine de jour en jour. Les deux femmes commencent à s'émerveiller ensemble des petits progrès accomplis quotidiennement par le bébé. « Ce n'est pas facile pour les parents de confier leurs enfants. Pour avoir le cœur en paix, il faut qu'ils fassent confiance à la nounou, et nous aussi. Quand les grandes personnes se font confiance, qu'elles se parlent bien, les enfants se sentent en sécurité, ils sont tranquilles. » (1) La confiance est au cœur de cette relation : les graines en ont été semées, elles restent à cultiver et à croître au fil du temps.
(1) Docteur Catherine Dolto « Les nounous »
Par Françoise Näser
Assistante maternelle, auteure
« Il faut bien faire confiance » se dit Maman en sortant de chez sa toute nouvelle assistante maternelle, un gros nœud dans la gorge, une irrépressible envie de pleurer. Jamais, jamais elle n'aurait pu soupçonner qu'il serait si difficile de confier son enfant, si difficile de choisir la bonne personne, celle qui allait prendre soin de son bébé sans chercher non plus à lui voler sa place dans son cœur. Comment savoir, une fois la porte fermée, une fois le dernier sourire, le dernier au revoir de la main, comment savoir ce qu'il se passe vraiment ? Quelle angoisse, tout de même, de confier son bébé à une inconnue ! Même si elle fait plutôt bonne impression, même si sa famille est sympathique, même si son intérieur est accueillant. Son bébé à elle, cette extension de son propre corps, sa petite « Crevette d'amour » est restée derrière elle, c'est un fait. Culpabilité ? Un peu quand même. Même si Maman est ravie de retrouver son travail, même si, pour être tout à fait honnête, ses collègues lui ont bien manqué, qu'y a-t-il de naturel à voir son bébé dans les bras d'une autre femme ? Pourtant, tout se passe bien : l'adaptation, cette période où chacun prend ses marques à son rythme, où on se découvre les uns les autres, ses habitudes, ses petites manies, l'adaptation est en bonne voie. Bébé reste maintenant de longues heures chez sa nounou sans soucis : lorsque Maman arrive le matin, son assistante maternelle prend le temps nécessaire pour la rassurer, et, le soir, lorsque Maman repart, elle écoute en buvant du petit lait le compte rendu de ces quelques heures, émaillé d'une petite anecdote « aujourd’hui, il a attrapé un hochet sur son tapis de jeu» ou bien « il a bu son biberon plus rapidement qu'hier et n'a pas eu de régurgitation cette fois-ci».
« Il faut bien faire confiance » se dit Bébé, dans les bras de sa nounou. Comment faire autrement ? Du haut de ses 3 mois, il n'a pas vraiment d'autres choix ! Ses parents ont décidé de le confier à cette femme tandis qu'ils partent travailler : il compte donc maintenant sur celle qui n'est pas sa maman, pour le nourrir, le maintenir au propre, le faire dormir. Mais aussi le faire rire, le consoler, l'écouter et bien d'autres choses encore. C'est vrai que dans ses bras, il se sent plutôt bien, et que même si ce n'est pas l'odeur bien connue de sa maman, cette étrangère sent plutôt bon. Il a vraiment envie de lui faire confiance, de s'abandonner en toute sérénité dans ces bras qui bercent tout en douceur, en l'écoutant fredonner des comptines. Chante-t-elle pour lui tout seul ? Car il y a d'autres enfants, il les a vus ! Et surtout entendus. Ils sont assez chamailleurs, et passent de temps en temps dans son champ de vision : ils sont bien plus grands et ont l'air de faire des choses passionnantes. L'un a un objet rouge dans la main et le lui agite devant le nez en demandant « Nounou, tu crois qu'il veut jouer avec la voiture ? » Bien sûr qu'il voudrait pouvoir attraper ce bel objet, même s'il ne sait vraiment pas ce que c'est. Un autre s'approche et réclame lui aussi un biberon de lait. Il semblerait que d'autres personnes partagent son régime alimentaire, quelle surprise ! Dès qu'il aura fini sa sieste, il tentera d'en apprendre plus, parce que pour le moment, ses yeux se font lourds et il espère regagner au plus vite son joli lit à barreaux et son doudou. Un dernier câlin, une dernière caresse rassurante et le voilà installé confortablement dans la pénombre.
« Il faut bien faire confiance » se dit l'assistante maternelle face à cette nouvelle famille. C'est qu'elle en a vu de toutes les couleurs dans sa carrière ! Elle pourrait en raconter des anecdotes tristes ou risibles, inquiétantes ou amusantes ; des expériences elle en a faites, parfois de très mauvaises et parfois de très bonnes. Chaque nouvel accueil apporte son lot de surprises et de la même façon qu'aucun enfant n'est semblable, aucun accueil ne se déroule de la même manière. Chaque famille a ses horaires, ses habitudes, ses souhaits en matière d'éducation : il faut savoir s'adapter tout en gardant le cap. Comment vont se comporter ces employeurs-là ? Vont-ils respecter les horaires et toutes les autres clauses du contrat établi ? Va-t-elle être rémunérée en temps et en heure ou bien devra-t-elle réclamer tous les mois son salaire ? Va-t-elle devoir batailler pour ses congés ? Elle a déjà connu tout ça, et plus d'une fois ! Comment vont se comporter ces jeunes parents avec elle ? Sera-t-elle pour eux une personne-ressource ou bien uniquement leur salariée ? S'établira-t-il au fil du temps une relation amicale ou strictement professionnelle ? L'adaptation du bébé se passe très bien : il semble s'acclimater rapidement et sa maman, bien que visiblement stressée, paraît plus sereine de jour en jour. Les deux femmes commencent à s'émerveiller ensemble des petits progrès accomplis quotidiennement par le bébé. « Ce n'est pas facile pour les parents de confier leurs enfants. Pour avoir le cœur en paix, il faut qu'ils fassent confiance à la nounou, et nous aussi. Quand les grandes personnes se font confiance, qu'elles se parlent bien, les enfants se sentent en sécurité, ils sont tranquilles. » (1) La confiance est au cœur de cette relation : les graines en ont été semées, elles restent à cultiver et à croître au fil du temps.
(1) Docteur Catherine Dolto « Les nounous »
« Il faut bien faire confiance » se dit Maman en sortant de chez sa toute nouvelle assistante maternelle, un gros nœud dans la gorge, une irrépressible envie de pleurer. Jamais, jamais elle n'aurait pu soupçonner qu'il serait si difficile de confier son enfant, si difficile de choisir la bonne personne, celle qui allait prendre soin de son bébé sans chercher non plus à lui voler sa place dans son cœur. Comment savoir, une fois la porte fermée, une fois le dernier sourire, le dernier au revoir de la main, comment savoir ce qu'il se passe vraiment ? Quelle angoisse, tout de même, de confier son bébé à une inconnue ! Même si elle fait plutôt bonne impression, même si sa famille est sympathique, même si son intérieur est accueillant. Son bébé à elle, cette extension de son propre corps, sa petite « Crevette d'amour » est restée derrière elle, c'est un fait. Culpabilité ? Un peu quand même. Même si Maman est ravie de retrouver son travail, même si, pour être tout à fait honnête, ses collègues lui ont bien manqué, qu'y a-t-il de naturel à voir son bébé dans les bras d'une autre femme ? Pourtant, tout se passe bien : l'adaptation, cette période où chacun prend ses marques à son rythme, où on se découvre les uns les autres, ses habitudes, ses petites manies, l'adaptation est en bonne voie. Bébé reste maintenant de longues heures chez sa nounou sans soucis : lorsque Maman arrive le matin, son assistante maternelle prend le temps nécessaire pour la rassurer, et, le soir, lorsque Maman repart, elle écoute en buvant du petit lait le compte rendu de ces quelques heures, émaillé d'une petite anecdote « aujourd’hui, il a attrapé un hochet sur son tapis de jeu» ou bien « il a bu son biberon plus rapidement qu'hier et n'a pas eu de régurgitation cette fois-ci».
« Il faut bien faire confiance » se dit Bébé, dans les bras de sa nounou. Comment faire autrement ? Du haut de ses 3 mois, il n'a pas vraiment d'autres choix ! Ses parents ont décidé de le confier à cette femme tandis qu'ils partent travailler : il compte donc maintenant sur celle qui n'est pas sa maman, pour le nourrir, le maintenir au propre, le faire dormir. Mais aussi le faire rire, le consoler, l'écouter et bien d'autres choses encore. C'est vrai que dans ses bras, il se sent plutôt bien, et que même si ce n'est pas l'odeur bien connue de sa maman, cette étrangère sent plutôt bon. Il a vraiment envie de lui faire confiance, de s'abandonner en toute sérénité dans ces bras qui bercent tout en douceur, en l'écoutant fredonner des comptines. Chante-t-elle pour lui tout seul ? Car il y a d'autres enfants, il les a vus ! Et surtout entendus. Ils sont assez chamailleurs, et passent de temps en temps dans son champ de vision : ils sont bien plus grands et ont l'air de faire des choses passionnantes. L'un a un objet rouge dans la main et le lui agite devant le nez en demandant « Nounou, tu crois qu'il veut jouer avec la voiture ? » Bien sûr qu'il voudrait pouvoir attraper ce bel objet, même s'il ne sait vraiment pas ce que c'est. Un autre s'approche et réclame lui aussi un biberon de lait. Il semblerait que d'autres personnes partagent son régime alimentaire, quelle surprise ! Dès qu'il aura fini sa sieste, il tentera d'en apprendre plus, parce que pour le moment, ses yeux se font lourds et il espère regagner au plus vite son joli lit à barreaux et son doudou. Un dernier câlin, une dernière caresse rassurante et le voilà installé confortablement dans la pénombre.
« Il faut bien faire confiance » se dit l'assistante maternelle face à cette nouvelle famille. C'est qu'elle en a vu de toutes les couleurs dans sa carrière ! Elle pourrait en raconter des anecdotes tristes ou risibles, inquiétantes ou amusantes ; des expériences elle en a faites, parfois de très mauvaises et parfois de très bonnes. Chaque nouvel accueil apporte son lot de surprises et de la même façon qu'aucun enfant n'est semblable, aucun accueil ne se déroule de la même manière. Chaque famille a ses horaires, ses habitudes, ses souhaits en matière d'éducation : il faut savoir s'adapter tout en gardant le cap. Comment vont se comporter ces employeurs-là ? Vont-ils respecter les horaires et toutes les autres clauses du contrat établi ? Va-t-elle être rémunérée en temps et en heure ou bien devra-t-elle réclamer tous les mois son salaire ? Va-t-elle devoir batailler pour ses congés ? Elle a déjà connu tout ça, et plus d'une fois ! Comment vont se comporter ces jeunes parents avec elle ? Sera-t-elle pour eux une personne-ressource ou bien uniquement leur salariée ? S'établira-t-il au fil du temps une relation amicale ou strictement professionnelle ? L'adaptation du bébé se passe très bien : il semble s'acclimater rapidement et sa maman, bien que visiblement stressée, paraît plus sereine de jour en jour. Les deux femmes commencent à s'émerveiller ensemble des petits progrès accomplis quotidiennement par le bébé. « Ce n'est pas facile pour les parents de confier leurs enfants. Pour avoir le cœur en paix, il faut qu'ils fassent confiance à la nounou, et nous aussi. Quand les grandes personnes se font confiance, qu'elles se parlent bien, les enfants se sentent en sécurité, ils sont tranquilles. » (1) La confiance est au cœur de cette relation : les graines en ont été semées, elles restent à cultiver et à croître au fil du temps.
(1) Docteur Catherine Dolto « Les nounous »
Les soins aux jeunes enfants
Comment pallier les micro-séparations dans les soins aux jeunes enfants
Lors des journées en crèche ou chez l'assistante maternelle, on observe que certains jeunes enfants à la fin d'un soin (repas, change, lever de sieste) pleurent dès que les professionnels les remettent au sol. On constate ce comportement chez les bébés de moins de an mais, également, chez les enfants d'âge de la marche. Voici quelques propositions pour tenter d’aider ces bébés à surmonter ces petites séparations. Par Frédéric Groux, ancien EJE, aujourd’hui psychologue en crèche.
Soins donnés à un bébé
Dans sa première année, le jeune enfant utilise son corps pour communiquer mais cette communication est bilatérale, c'est-à-dire, qu'il interprète nos gestes comme un langage. Lors d'un soin, vous indiquez à ce chérubin que vous êtes avec lui psychiquement et physiquement. C'est un moment de plaisirs. Vous lui parlez, vous jouez avec lui en plus du soin. Pour tous les bébés, vous êtes ce qui le stimule le plus au niveau intellectuel, physique et émotionnel.
La continuité des soins
Les chercheurs en neurosciences [1] ont bien décrit depuis longtemps cette recherche de la nouveauté chez le jeune enfant dans l'environnement physique et humain. Le donneur de soin est créatif, il ne refait pas les mêmes gestes et ne dit pas les mêmes paroles. Cette stimulation procure au bébé un sentiment de bien-être, Winnicott [2] parlerait de sentiment d’exister. C'est une des fonctions de la « continuité des soins » que Winnicott (1956) [2] décrira à l'aide de trois idées : Le « holding » qui signifie le maintien, la façon dont est porté l’enfant physiquement et psychiquement. Ce sont les soins maternels qui lui offre de façon satisfaisante et continue une sécurité affective et une chaleur protectrice tant physiologique que psychique. Le holding met en place, chez l’enfant, le sentiment d’exister, de se sentir une unité différenciée. Le deuxième concept, le « handling », signifie le maniement. Il s’agit de la manière dont l’enfant est traité, soigné et manipulé par la personne qui lui donne les soins. Les conditions et effets du « handling » participent au développement du fonctionnement mental ainsi qu'à l'intégration du psyché-soma. Le dernier concept concerne la « représentation de l’objet ». C’est la façon dont est présentée la réalité à l’enfant via son environnement.
Le début et la fin d'une danse
Les professionnels ont connaissance de l'importance des soins pour le très jeune enfant mais ils minimisent l'importance de ce qui entoure l'entrée et la sortie dans le soin. Or, la « continuité de soin » demande un début et une fin pour la construction psychologique mais, également, corporelle des bébés. Parfois, ils minimisent la fin d'un soin par méconnaissance mais, aussi par manque de temps, car, à l'inverse des parents, ils ont plusieurs enfants du même âge à prendre en charge. Si vous prenez le temps de regarder certaines périodes de la journée d'une section de bébés ou d'enfants qui commencent à marcher, vous observerez un joli ballet entre un professionnel et les bébés à partir de dix heures du matin. Le départ de la danse est marqué par un accueillant qui lira le cahier de transmission, puis se dirigera vers un enfant pour lui parler, celui-ci sera pris dans les bras et, ensuite, il aura son soin : couche ou biberon. Pendant ce temps, l'adulte effectuera les trois fonctions que nous avons décrit plus haut bien évidement. Jusque là, vous me direz tout est normal et je vous répondrais : « oui ». Dans ce ballet, il y a plusieurs jeunes danseurs et un autre vient de se manifester par des pleurs car lui aussi à besoin de l'attention d'un adulte. Le rythme de la danse s’accélère progressivement pour répondre à tous les jeunes danseurs et c'est à partir de ce moment que le professionnel posera le bébé au sol. Dans l'esprit de l'enfant, il vient juste de rentrer en relation avec un adulte, il commençait juste à être éveillé à son maximum pour être en communication. C'est pile le moment où l'interaction avec l'adulte s’arrête. Pour manifester son mécontentent, ce jeune danseur pleurera et, parfois, il aura le droit à cette petite phrase : « tu sais, tu n'es pas tout seul, je peux pas te garder tout le temps dans les bras ». Nous venons d'apercevoir un des nœuds du problème, cette micro-séparation. Tout le monde connaît maintenant l'importance de l'accueil le matin et le soir dans les établissements petite enfance et l'impact de la séparation sur la suite de la journée. Les équipes les ritualisent, les préparent avec soin pour éviter les pleurs lors de la séparation pour la journée. Il est rare d'avoir des parents qui oseraient laisser un bébé sans lui dire au revoir ou ne pas prendre le temps pour échanger avec les professionnels de la section afin que le nourrisson retrouve ses repères dans le lieu. Pourtant, au cours de la journée, l'enfant passera d'une pièce à l'autre, d’un professionnel à un autre, d'un temps privilégié à un vide, selon la méthode Loczy, et cela en un laps de temps court (moins de 5 minutes). Notre ballet passe de l'allegro à l'adagio mais où ce situe le bébé dans tout ça ? Avons-nous les moyens pour prévenir les micro-séparations ?
Un jouet « médiateur »
Nous l'avons vu le début de la danse se passe bien mais nous pouvons l'améliorer. Nous savons que l'enfant attendra plus de l'adulte qui lui donnera le soin. Nous pouvons donc prévoir notre pratique en pensée avant de la commencer et ainsi nous mettre déjà dans le fonctionnement de holding. Nous portons psychiquement et mentalement l'enfant dans notre pensée. Le premier geste pourra être bien évidement de penser à son doudou ou sa tétine. Parfois, cela ne suffit pas, il faut donc prévoir un médiateur que l'enfant gardera avec lui lors de cette micro-séparation. Selon son âge, il pourra s'agir d'un jouet, d'un livre ou autre. Pendant le soin, vous pourrez toujours échanger avec le bébé sur l'objet qu'il aura pris ou que vous aurez choisi avec lui. C'est lors de la fin du soin que ce médiateur prendra toute sa valeur. Vous l'emporterez avec lui dans la salle et quand vous le poserez sur le sol, si vous avez le temps, vous prendrez un moment pour le laisser retrouver son espace de jeu mais nous savons que parfois le temps est une denrée rare en crèche. Dans cette situation, vous utiliserez vos connaissances des neurosciences : celles qui vous disent que l'enfant s'habitue vite à un jouet et qu'il suffit juste d'assembler deux jouets ensemble pour en créer un nouveau et remettre sa quête d'apprentissage en fonctionnement. Le petit jouet de la salle de bain s'attachera avec un petit nounours, par exemple.
Un adulte relais
Dans beaucoup de lieux, les professionnels ont tendance à séparer ou écarter les bébés les uns des autres après le soin. Il suffit parfois de prévoir vers quel enfant l'accueillant se dirigera après pour l'installer à coté. Vous serez encore à coté de lui. Vous aurez un peu plus de temps pour le laisser retrouver ses repères et de parler avec l'enfant qui entrera dans la danse. Il n'aura pas l'impression d'être laissé et de voir l'adulte s'éloigner rapidement pour un autre compagnon.
Il arrive souvent que le professionnel sache que un tel ou une telle pleurera à la fin du soin. Dans ce cas précis, l’idéal est de confier à un adulte -relais pour lui laisser plus de temps pour retrouver ses repères. L’enfant passera de bras en bras puis il descendra progressivement au sol. Souvent, ces bébés pleurent et rendent anxieux les autres copains et copines mais aussi les professionnels qui pensent qu'ils n'ont pas d'autre solution que de le laisser pleurer. Le temps qu'on prend à ce moment pour lui et du temps qui le sécurisera dans l'avenir.
Se détendre et parler à l’enfant
Parfois, pris par les soins de tous les enfants, le professionnel pose trop rapidement le bébé ou s’angoisse avant de le poser au sol avec cette phrase : « je vais te poser mais tu ne vas pas pleurer ». Nous savons que le nourrisson communique avec son corps mais il décrypte aussi les messages de vos corps. L'adulte qui sera stressé aura un corps plus tendu, plus tonique et un rythme cardiaque plus rapide (nous portons souvent la tête des bébés près de notre cœur) et la voix sera moins paisible qu'à l'habitude. Tous ces signaux indiqueront au jeune enfant d'être vigilant car il y a quelque chose qui ne va pas. Si vous êtes dans le métro et qu'une personne s'agite, devient rouge et crie, vous aurez tendance à vous méfier. L'enfant fera de même sauf que pour lui, vous faites partie de sa sécurité de base donc ses peurs lui diront de demander de l'aide à un adulte. Dans cette situation, pour apaiser l'enfant, il suffit de communiquer sur le même canal que lui : par le corps. Vous pouvez utiliser des techniques de relaxation qui apaisera votre corps, en pensant à des souvenir plaisant ou à des être que vous aimez. Vous pouvez également prendre conscience de votre respiration en essayant de la diminuer ou de vous caler sur celle de l'enfant que vous avez dans les bras. Prendre le temps de chanter une chanson aide certaines personnes, la musique adoucit les mœurs et les maux. Dolto [3] a souvent évoqué le parler « vrai », c'est-à-dire, elle explique qu'il vaut mieux dire à l'enfant ce que l'adulte ressent à l’intérieur de soi que de tenter de leurrer un bébé sur son état émotionnel. Le professionnel, avec des mots appropriés, verbalisera le moment difficile. Les jeunes enfants apprendront a géré leurs émotions si les adultes qui prennent soin d'eux les maitrisent également. Bien évidement, ce ne sont que des exemples et les professionnels laisseront leur imagination les aider dans ces situations.
[1] Lécuyer R. (1989) : « Bébés astronomes, bébés psychologues » Bruxelles, Mardaga.
[2] Winnicott, D.W. (1956) : « De la pédiatrie à la psychanalyse » Paris, Payot.
[3] Dolto F. (1999)
Article rédigé par : Frédéric Groux
Lors des journées en crèche ou chez l'assistante maternelle, on observe que certains jeunes enfants à la fin d'un soin (repas, change, lever de sieste) pleurent dès que les professionnels les remettent au sol. On constate ce comportement chez les bébés de moins de an mais, également, chez les enfants d'âge de la marche. Voici quelques propositions pour tenter d’aider ces bébés à surmonter ces petites séparations. Par Frédéric Groux, ancien EJE, aujourd’hui psychologue en crèche.
Soins donnés à un bébé
Dans sa première année, le jeune enfant utilise son corps pour communiquer mais cette communication est bilatérale, c'est-à-dire, qu'il interprète nos gestes comme un langage. Lors d'un soin, vous indiquez à ce chérubin que vous êtes avec lui psychiquement et physiquement. C'est un moment de plaisirs. Vous lui parlez, vous jouez avec lui en plus du soin. Pour tous les bébés, vous êtes ce qui le stimule le plus au niveau intellectuel, physique et émotionnel.
La continuité des soins
Les chercheurs en neurosciences [1] ont bien décrit depuis longtemps cette recherche de la nouveauté chez le jeune enfant dans l'environnement physique et humain. Le donneur de soin est créatif, il ne refait pas les mêmes gestes et ne dit pas les mêmes paroles. Cette stimulation procure au bébé un sentiment de bien-être, Winnicott [2] parlerait de sentiment d’exister. C'est une des fonctions de la « continuité des soins » que Winnicott (1956) [2] décrira à l'aide de trois idées : Le « holding » qui signifie le maintien, la façon dont est porté l’enfant physiquement et psychiquement. Ce sont les soins maternels qui lui offre de façon satisfaisante et continue une sécurité affective et une chaleur protectrice tant physiologique que psychique. Le holding met en place, chez l’enfant, le sentiment d’exister, de se sentir une unité différenciée. Le deuxième concept, le « handling », signifie le maniement. Il s’agit de la manière dont l’enfant est traité, soigné et manipulé par la personne qui lui donne les soins. Les conditions et effets du « handling » participent au développement du fonctionnement mental ainsi qu'à l'intégration du psyché-soma. Le dernier concept concerne la « représentation de l’objet ». C’est la façon dont est présentée la réalité à l’enfant via son environnement.
Le début et la fin d'une danse
Les professionnels ont connaissance de l'importance des soins pour le très jeune enfant mais ils minimisent l'importance de ce qui entoure l'entrée et la sortie dans le soin. Or, la « continuité de soin » demande un début et une fin pour la construction psychologique mais, également, corporelle des bébés. Parfois, ils minimisent la fin d'un soin par méconnaissance mais, aussi par manque de temps, car, à l'inverse des parents, ils ont plusieurs enfants du même âge à prendre en charge. Si vous prenez le temps de regarder certaines périodes de la journée d'une section de bébés ou d'enfants qui commencent à marcher, vous observerez un joli ballet entre un professionnel et les bébés à partir de dix heures du matin. Le départ de la danse est marqué par un accueillant qui lira le cahier de transmission, puis se dirigera vers un enfant pour lui parler, celui-ci sera pris dans les bras et, ensuite, il aura son soin : couche ou biberon. Pendant ce temps, l'adulte effectuera les trois fonctions que nous avons décrit plus haut bien évidement. Jusque là, vous me direz tout est normal et je vous répondrais : « oui ». Dans ce ballet, il y a plusieurs jeunes danseurs et un autre vient de se manifester par des pleurs car lui aussi à besoin de l'attention d'un adulte. Le rythme de la danse s’accélère progressivement pour répondre à tous les jeunes danseurs et c'est à partir de ce moment que le professionnel posera le bébé au sol. Dans l'esprit de l'enfant, il vient juste de rentrer en relation avec un adulte, il commençait juste à être éveillé à son maximum pour être en communication. C'est pile le moment où l'interaction avec l'adulte s’arrête. Pour manifester son mécontentent, ce jeune danseur pleurera et, parfois, il aura le droit à cette petite phrase : « tu sais, tu n'es pas tout seul, je peux pas te garder tout le temps dans les bras ». Nous venons d'apercevoir un des nœuds du problème, cette micro-séparation. Tout le monde connaît maintenant l'importance de l'accueil le matin et le soir dans les établissements petite enfance et l'impact de la séparation sur la suite de la journée. Les équipes les ritualisent, les préparent avec soin pour éviter les pleurs lors de la séparation pour la journée. Il est rare d'avoir des parents qui oseraient laisser un bébé sans lui dire au revoir ou ne pas prendre le temps pour échanger avec les professionnels de la section afin que le nourrisson retrouve ses repères dans le lieu. Pourtant, au cours de la journée, l'enfant passera d'une pièce à l'autre, d’un professionnel à un autre, d'un temps privilégié à un vide, selon la méthode Loczy, et cela en un laps de temps court (moins de 5 minutes). Notre ballet passe de l'allegro à l'adagio mais où ce situe le bébé dans tout ça ? Avons-nous les moyens pour prévenir les micro-séparations ?
Un jouet « médiateur »
Nous l'avons vu le début de la danse se passe bien mais nous pouvons l'améliorer. Nous savons que l'enfant attendra plus de l'adulte qui lui donnera le soin. Nous pouvons donc prévoir notre pratique en pensée avant de la commencer et ainsi nous mettre déjà dans le fonctionnement de holding. Nous portons psychiquement et mentalement l'enfant dans notre pensée. Le premier geste pourra être bien évidement de penser à son doudou ou sa tétine. Parfois, cela ne suffit pas, il faut donc prévoir un médiateur que l'enfant gardera avec lui lors de cette micro-séparation. Selon son âge, il pourra s'agir d'un jouet, d'un livre ou autre. Pendant le soin, vous pourrez toujours échanger avec le bébé sur l'objet qu'il aura pris ou que vous aurez choisi avec lui. C'est lors de la fin du soin que ce médiateur prendra toute sa valeur. Vous l'emporterez avec lui dans la salle et quand vous le poserez sur le sol, si vous avez le temps, vous prendrez un moment pour le laisser retrouver son espace de jeu mais nous savons que parfois le temps est une denrée rare en crèche. Dans cette situation, vous utiliserez vos connaissances des neurosciences : celles qui vous disent que l'enfant s'habitue vite à un jouet et qu'il suffit juste d'assembler deux jouets ensemble pour en créer un nouveau et remettre sa quête d'apprentissage en fonctionnement. Le petit jouet de la salle de bain s'attachera avec un petit nounours, par exemple.
Un adulte relais
Dans beaucoup de lieux, les professionnels ont tendance à séparer ou écarter les bébés les uns des autres après le soin. Il suffit parfois de prévoir vers quel enfant l'accueillant se dirigera après pour l'installer à coté. Vous serez encore à coté de lui. Vous aurez un peu plus de temps pour le laisser retrouver ses repères et de parler avec l'enfant qui entrera dans la danse. Il n'aura pas l'impression d'être laissé et de voir l'adulte s'éloigner rapidement pour un autre compagnon.
Il arrive souvent que le professionnel sache que un tel ou une telle pleurera à la fin du soin. Dans ce cas précis, l’idéal est de confier à un adulte -relais pour lui laisser plus de temps pour retrouver ses repères. L’enfant passera de bras en bras puis il descendra progressivement au sol. Souvent, ces bébés pleurent et rendent anxieux les autres copains et copines mais aussi les professionnels qui pensent qu'ils n'ont pas d'autre solution que de le laisser pleurer. Le temps qu'on prend à ce moment pour lui et du temps qui le sécurisera dans l'avenir.
Se détendre et parler à l’enfant
Parfois, pris par les soins de tous les enfants, le professionnel pose trop rapidement le bébé ou s’angoisse avant de le poser au sol avec cette phrase : « je vais te poser mais tu ne vas pas pleurer ». Nous savons que le nourrisson communique avec son corps mais il décrypte aussi les messages de vos corps. L'adulte qui sera stressé aura un corps plus tendu, plus tonique et un rythme cardiaque plus rapide (nous portons souvent la tête des bébés près de notre cœur) et la voix sera moins paisible qu'à l'habitude. Tous ces signaux indiqueront au jeune enfant d'être vigilant car il y a quelque chose qui ne va pas. Si vous êtes dans le métro et qu'une personne s'agite, devient rouge et crie, vous aurez tendance à vous méfier. L'enfant fera de même sauf que pour lui, vous faites partie de sa sécurité de base donc ses peurs lui diront de demander de l'aide à un adulte. Dans cette situation, pour apaiser l'enfant, il suffit de communiquer sur le même canal que lui : par le corps. Vous pouvez utiliser des techniques de relaxation qui apaisera votre corps, en pensant à des souvenir plaisant ou à des être que vous aimez. Vous pouvez également prendre conscience de votre respiration en essayant de la diminuer ou de vous caler sur celle de l'enfant que vous avez dans les bras. Prendre le temps de chanter une chanson aide certaines personnes, la musique adoucit les mœurs et les maux. Dolto [3] a souvent évoqué le parler « vrai », c'est-à-dire, elle explique qu'il vaut mieux dire à l'enfant ce que l'adulte ressent à l’intérieur de soi que de tenter de leurrer un bébé sur son état émotionnel. Le professionnel, avec des mots appropriés, verbalisera le moment difficile. Les jeunes enfants apprendront a géré leurs émotions si les adultes qui prennent soin d'eux les maitrisent également. Bien évidement, ce ne sont que des exemples et les professionnels laisseront leur imagination les aider dans ces situations.
[1] Lécuyer R. (1989) : « Bébés astronomes, bébés psychologues » Bruxelles, Mardaga.
[2] Winnicott, D.W. (1956) : « De la pédiatrie à la psychanalyse » Paris, Payot.
[3] Dolto F. (1999)
Article rédigé par : Frédéric Groux
Poser des limites aux enfants
Poser des limites aux enfants a-t-il un sens ?Poser des limites aux jeunes enfants est protecteur et nécessaire, mais cela doit se faire avec bienveillance pour les "ratés" de l’obéissance, si l’on comprend qu’ils sont dus à l’immaturité et non à une envie de narguer les adultes. Reconnaître les besoins fondamentaux des enfants et leur proposer des dérivatifs acceptables n’est pas démissionner. Comme l'explique Anne-Marie Fontaine, c’est juste maintenir intelligemment le cap des règles utiles en dissociant l’action de l’enfant, qui est normale en soi, de son application, qui peut ne pas convenir.
Publié par Assistantes Maternelles Magazine sur mercredi 28 septembre 2016
La phase d'opposition
Il est en perpétuelle opposition
Il grandit.
Aux alentours de ses deux ans, l’enfant jouit d’une nouvelle autonomie grâce à son accès inédit au langage et au boom de ses capacités psychologiques et motrices. Il s’affirme : Il est un petit garçon ou une petite fille à part entière qui a ses propres envies. Il a besoin de choisir et de faire « tout seul ». Une phase d’affirmation de soi qui peut durer de quelques jours à quelques mois, selon l’attitude des adultes. Nous pourrions d’ailleurs l’assimiler à une forme de mini-adolescence. Cette nouvelle autonomie tend à surprendre les adultes, parents comme professionnels, voire à les contrarier, les vexer, les offenser. Cet enfant qui, jusqu’à aujourd’hui, les écoutait et respectait (plus ou moins) leurs consignes à la lettre commence à leur dire non, à s’affirmer et à profiter de son nouveau libre-arbitre. Un comportement qui en déconcerte plus d’un : « Ce n’est quand même pas un enfant de 2 ans qui va faire la loi et tenir tête à un adulte de 40 ans ! » marmonnent moult professionnels. Dès lors s’instaure un rapport de force dans lequel nombre d’entre vous tiennent, coûte que coûte, à avoir le dernier mot.
Il ne s’oppose pas, il se différencie.
Naturellement, l’enfant à cet âge cherche à se différencier de l’adulte (et non pas à s’y opposer comme on pourrait le croire). Et contrairement aux apparences, ce n’est pas l’enfant qui impulse véritablement ce rapport de force mais plutôt l’adulte. Avant l’âge de 4 ans, rappelons que le tout-petit n’est pas encore décentré, c’est-à-dire qu’il n’est pas encore en mesure de comprendre que l’autre a un point de vue, des croyances, des besoins différents des siens. En un mot, il est encore littéralement égocentrique. Ainsi, ce que vous prenez à tort pour de la provocation, de la mauvaise volonté ou de l’insolence n’est autre que la manifestation d’un besoin non assouvi à un temps T. Notre adulto-morphisme, à savoir notre tendance à interpréter les comportements des jeunes enfants sur la base de nos propres comportements d’adultes, vous joue des tours et vous met une véritable pression sur les épaules. Trop souvent, nous oublions que le tout-petit a un cerveau tout à fait immature et que ses capacités intellectuelles ne sont pas comparables avec celles des adultes ! Rappelons que le rapport adulte-enfant n’est pas un rapport égal et horizontal, mais un rapport du plus fort au plus faible.
Rien à voir avec un caprice.
Il se peut que l’enfant se mette en colère, crie, pleure, se roule par terre, parce que vous lui refusez quelque chose. De votre point de vue d’adulte, cette réaction est excessive, exagérée. Pas de doute, pour vous c’est un caprice ! Le point de vue de l’enfant est tout à fait différent. Ce qui est, pour vous, anecdotique est, pour lui, un réel drame. A cet âge, un tout-petit n’est pas en capacité de relativiser. A ce moment précis, il traverse alors une véritable tempête émotionnelle. Quand l’un des besoins fondamentaux d’un enfant est non assouvi (besoin d’attention, de sécurité, de calme), son cerveau émotionnel et archaïque est suractivé, tandis que son cerveau frontal, celui qui lui permet de raisonner, de comprendre la situation, est sous-activé. De ce fait, il perd le contrôle de ses émotions et a besoin de l’adulte pour se rassurer, se sécuriser. Notons au passage que le cerveau émotionnel et archaïque de l’enfant domine jusqu’à l’âge de 3/4 ans.
Plus il est fatigué, plus il s’oppose.
Il arrive que l’enfant « contredise » davantage l’adulte en fin d’après-midi lorsqu’il est stressé, épuisé par une journée de crèche longue et stimulante. Il a de plus en plus de difficulté à tolérer la frustration. Son stress s’accumule, ses ressources s’amenuisent. Si bien qu’à un moment, il explose : il se met en colère pour une raison qui va vous paraître insignifiante (vous lui rappelez par exemple qu’il n’a pas le droit de monter sur ce meuble), un peu comme si la goutte d’eau venait de faire déborder le vase. Ce comportement lui permet tout simplement de se décharger de toutes ses tensions accumulées tout au long de sa journée.
Il réagit à votre attitude autoritaire.
L'enfant arrive à un stade de développement où il a besoin d’avoir une certaine marge de manœuvre pour bien s’épanouir. Ainsi, lorsque l’adulte est trop dans le contrôle et émet à son égard des consignes toujours très autoritaires et verticales, l’enfant peut se sentir oppressé, tendu, ce qui va augmenter son niveau de stress et baisser son seuil de tolérance à la frustration. Dès lors, il risque de dérocher et d’entrer dans un phénomène d’opposition.
Comment réagir ?
Restez calme et posé.
Rappelez-vous que le rapport de force est souvent institué par l’adulte qui perd patience face à la réaction déconcertante de l’enfant. Lorsque la moutarde vous monte au nez, tentez de respirer profondément pour retrouver votre calme et vous reconnecter à votre raisonnement. Rappelez-vous qu’il ne fait pas exprès ! Si cela ne fonctionne pas, passez le relais à votre collègue. Votre frustration tend à vous rendre agressif ce qui va, immanquablement cultiver la frustration de votre petit interlocuteur. Vous voilà alors tous deux plongés dans un cercle vicieux ! En maîtrisant vos propres émotions et en recevant avec bienveillance celles de l’enfant, vous lui apprenez, petit à petit, à mieux contrôler ses émotions.
Gardez en tête que toute manifestation d’opposition de sa part, toute colère, exprime chez lui un besoin insatisfait.
Peut-être l’enfant réagit-il à votre attitude, une peur, un manque d’attention, une fatigue croissante. Ainsi, cherchez à anticiper et à agir sur les causes de sa réaction plutôt que sur ses conséquences. En clair, tentez d’identifier lequel de ses besoins est ici insatisfait.
Proposez-lui régulièrement des câlins ou des temps de jeu individuel !
Le contact bienveillant avec l’adulte permet de libérer en lui de l’ocytocine, une hormone de l’attachement qui a le mérite de diminuer son état de stress et d’augmenter sa sensation de bien-être. Un enfant ressourcé sera plus enclin à vous écouter qu’un enfant tendu et stressé !
Laissez-lui une marge de manœuvre, aussi petite soit-elle, lorsque vous attendez quelque chose de lui.
Votre objectif ? Eviter le rapport de force. Vous pouvez par exemple transformer votre consigne (« va te coucher ! ») sous forme de question : « nous venons de déjeuner. D’après toi, qu’est-ce qu’il se passe maintenant : c’est le moment d’aller jouer dans l’atrium ou d’aller faire la sieste ? ». Pourquoi ne pas également lui laisser une petite liberté de choix : « tu préfères aller te coucher avec ton doudou, avec la photo de tes parents ou les deux en même temps ? ». Il ne s’agit pas de « céder » (car coûte que coûte il ira se coucher), mais de parvenir à votre objectif de manière alternative.
Confiez-lui une mission. Si vous sentez que l’enfant est sur le point de ne pas vous écouter ou de faire l’inverse de ce que vous lui demandez, confiez-lui une mission à sa portée. Par exemple : « Est-ce que tu pourrais apporter à Nathan et Louise leurs doudous sur leur lit ? Ils les ont oubliés ! ». Celle-ci permettra d’occuper son cerveau et qui plus est, de le valoriser, de le responsabiliser. Pour que l’effet soir garanti, n’oubliez surtout pas de l’encourager et de le féliciter quand la mission aura été brillamment effectuée !
Par
Héloïse Junier, psychologue
Il ne respecte pas les limites, ni les interdits
Il ne respecte pas les limites, ni les interdits
Liv Friis-Larsen
Sa compréhension évolue. Entre 8 et 12 mois en moyenne, un enfant est en capacité de comprendre des ordres simples, comme « non » ou « ferme la porte », à condition que les mots prononcés soient connus et que l’expression du visage soit cohérente avec le contenu de la phrase. Plus tard, aux alentours des 27 mois, il devient capable de comprendre les ordres doubles, comme par exemple « va dans la salle de bain et apporte moi la couche ». Notons que la compréhension précède la production, c’est-à-dire que l’enfant va saisir le sens des mots avant de pouvoir lui-même les prononcer.
Il ressent vos émotions avant de comprendre vos mots. L’intelligence du jeune enfant est émotionnelle avant d’être verbale. Ainsi, tout ce qui relève du non verbal - tels que votre regard, le ton de votre voix, votre posture ou encore l’expression de votre visage - va primer sur le contenu de vos phrases. C’est sur ces signaux que l’enfant va spontanément se baser pour décrypter ce que vous attendez de lui. Or, il arrive que les professionnels qui n’apprécient guère de formuler des directives de manière ferme tendent à « déguiser » les interdits par des phrases trop sophistiquées, qui ambitionnent de surcroît de raisonner l’enfant : « Je ne suis pas d’accord avec le fait que tu mordes Mathéo, je te l’ai déjà dit », « Tu vois bien que tu empêches Chloé de passer ! Elle aussi aimerait profiter du toboggan » ou encore « Tu n’as pas le droit de monter sur cette étagère, je n’arrête pas de te le répéter, tu risques de te faire mal si tu tombes ». Bien souvent, le professionnel conserve une expression faciale neutre, compatissante voire, dans certains cas, souriante lorsqu’il adresse ce type de requêtes. Résultat : l’enfant, qui se base avant tout sur l’émotion de l’adulte, risque de ne pas du tout saisir le contenu du message qui lui a été adressé !
Il est dans le concret. Entre 12 et 24 mois en moyenne, lorsque l’adulte lui adresse une consigne, à savoir – de son point de vue – une suite de mots pas toujours intelligibles, l’enfant va avant tout comprendre les noms d’objets (ex : fauteuil, poupée, couche) ainsi que les verbes d’action (ex : monter, courir, crier). Bref, tout ce qui relève de son environnement concret, physique et connu. Le jeune enfant n’est pas en capacité de comprendre les termes abstraits ou conceptuels du style « tu vas réfléchir à ce que tu viens de faire », « je t’ai dit d’attendre ton tour » ou encore « écoute-moi quand je te parle ! » (distinguer ici le verbe « écouter » du verbe « obéir »).
Il vit dans l’agir et le moment présent. Par définition, une règle est un concept complexe, une généralisation. Par exemple « il est interdit de mordre les autres enfants ». Or, le jeune enfant n’est pas en mesure de généraliser une consigne à plusieurs contextes de vie, ni de saisir d’ailleurs la notion abstraite de bien et de mal. L’interdiction que vous lui avez formulée à 10h34 alors qu’il serrait les dents sur le bras de Nola n’est, à ses yeux, plus nécessairement d’actualité à 15h25. Rappelons au passage que le jeune enfant, même s’il est capable de vous répéter mot à mot une règle que vous avez l’habitude de lui adresser, n’est de toute manière pas en capacité d’inhiber ses impulsions. Il ne s’agit donc pas de mauvaise volonté !
Les interdictions varient selon le professionnel, l’enfant et le moment de la journée. Chaque professionnel a ses limites et son propre seuil de tolérance vis-à-vis de tel ou tel comportement. Par exemple : certains d’entre vous vont accepter que l’enfant remonte le toboggan à l’envers ou qu’il grimpe sur la structure motrice avec un jouet, d’autres non. Il arrive que des professionnels se révèlent malgré eux plus stricts avec les enfants stigmatisés « perturbateurs » ou « pas obéissants » qu’avec les autres. Enfin, un même professionnel est susceptible d’être plus ferme et moins tolérant le matin, quand il sera encore en pleine forme, et plus laxiste et permissif en fin de journée, quand il sera fatigué et épuisé d’avoir répété des dizaines de fois la même consigne ! Autant de variations qui brouillent la bonne compréhension des messages.
Comment formuler les interdits pour mieux se faire comprendre ?
Adressez-vous individuellement à l’enfant. Placez votre visage à la hauteur du sien, à une trentaine de centimètres lorsque vous souhaitez lui transmettre votre message. Evitez de lui « crier » une instruction à travers le lieu de vie, alors qu’il est en pleine action, « indisponible » psychiquement.
Soyez ferme mais non agressif. Veillez à adopter une expression du visage qui soit en harmonie avec le contenu de votre interdit, c’est-à-dire le visage fermé, les sourcils froncés, l’air insatisfait. Pour autant, ne tombez pas dans l’agressivité sans quoi vous induirez chez l’enfant une montée de stress qui s’avèrera contre-productive.
Adressez des instructions positives plutôt que négatives. Sur le plan linguistique, la négation est difficile à traiter car elle implique une gymnastique intellectuelle plus complexe qu’une affirmation. L’enfant doit se représenter mentalement le contenu de votre instruction (« morsure – bras – Nola ») puis « l’annuler ». Ce qui est d’autant plus complexe qu’il est dans l’agir et l’impulsivité ! Au lieu de lui dire « ne monte pas sur le fauteuil », dites-lui simplement « descends ». Privilégiez des consignes simples comme « Arrête », « Non », « Stop ».
Privilégiez le « Stop » plutôt que le « Non ». Tous deux n’induisent pas la même attitude chez l’adulte et chez l’enfant. Le « stop » vient stopper un comportement inadapté tandis que le « non » tend à cultiver une dynamique pus agressive et à instaurer un rapport de force.
Formulez une consigne à la fois. Le jeune enfant n’est pas en mesure de stocker dans sa tête plusieurs informations simultanément, de les prioriser et de planifier ses actions en conséquence. Prenez le temps de décomposer vos consignes, étape par étape.
Intervenez physiquement, mais avec douceur. Nous avons vu que l’enfant était davantage dans l’agir, le concret et le physique que dans le mental. Il peut être complexe, compte tenu de son développement, de faire le lien entre les mots et les gestes. Ainsi, s’il ne parvient pas à exécuter votre consigne, comme par exemple « descends du fauteuil », accompagnez-le physiquement jusqu’au sol. De même, si vous souhaitez qu’il caresse le bras de Nola au lieu d’y mettre ses dents, caressez vous-même son bras (avec son accord bien entendu !), sans doute vous imitera-t-il.
Limitez les tentations ! Ce n’est pas à l’enfant de s’adapter à l’environnement des adultes mais à l’adulte de proposer un environnement sécurisé et adapté aux besoins des enfants. D’autant plus que les jeunes enfants ont besoin d’expérimenter physiquement leur environnement pour bien se développer et qu’ils ne sont pas en mesure d’inhiber leurs impulsions. Dès lors, par exemple, pourquoi laisser à leur portée des étagères sur lesquelles ils peuvent grimper alors qu’ils ne sont pas en droit de le faire ? Réadapter leur environnement de vie permettra de limiter les tentations et les frustrations inutiles, de leur côté comme du vôtre.
Fixez les limites et les interdits en équipe. Une stabilité minimum des interdits, tant sur le fond que sur la manière de les formuler, est nécessaire pour que l’enfant puisse, au fur et à mesure de son développement, les intégrer. Régulièrement, réinterrogez l’intérêt de chacune des règles que vous avez fixées en équipe : ces interdits répondent-ils au besoin fondamental de sécurité des enfants ? Ou au besoin de confort ou de sérénité des adultes ? L’ensemble des professionnels formulent-ils cette consigne de la même manière, sur le même ton ? La manière dont cette consigne est formulée par l’équipe est-elle réellement compréhensible pour l’enfant ? Le cas échéant, comment pourriez-vous la formuler autrement ?
Par
Héloïse Junier, psychologue
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