mercredi 26 avril 2017

LA SOCIALISATION DES ENFANTS SELON LES ÉTAPES DU DÉVELOPPEMENT

LA SOCIALISATION DES ENFANTS SELON LES ÉTAPES DU DÉVELOPPEMENT

18-36 mois : comment améliorer les relations et les comportements des enfants

A partir de 18 mois, les enfants entrent de plus en plus en relation entre eux pour jouer ou faire des activités. Malheureusement cette tranche d'âge est aussi synonyme de conflits qui en arrivent aux morsures, griffures et coups. Comment aider les enfants à s'exprimer autrement que par le corps ? Zoom sur trois actes dits « agressifs » qui sont récurrents en établissement de la petite enfance : les morsures, les griffures et les enfants qui poussent. Et propositions de méthodes en lien avec le développement de l'enfant, pour diminuer ces comportements qui questionnent les équipes.
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Des jeux pour gérer l'agressivité
Les actes violents interviennent tout au long de la petite enfance et dans toutes les sections. Ils ont des raisons différentes mais un résultat douloureux dans tous les cas pour celui qui la subit. Si vous avez déjà vu un jeune enfant se faire mordre, par exemple, vous avez constaté qu'il n'essaie pas de s'échapper de l'étreinte du « mordeur ». Nous retrouvons cette passivité dans d'autres situations où l'enfant n'a pas le réflexe de s'extirper de la menace. Lors d'une noyade, il ne se débat pas ou, quand il se brule, il ne retire pas sa main. Plusieurs auteurs émettent l'hypothèse que l'enfant attend que la douleur cesse d'elle-même. Si je ne bouge plus, elle s'arrêtera d'elle-même. Il est donc conseillé d'apprendre aux enfants des phrases pour empêcher de se faire mordre ou taper. On peut utiliser des figurines sous la forme d'animaux pour simuler les attaques ou les morsures. On explique aux enfants que les jeux avec les animaux en plastique sont un espace où ils sont libres de faire et d'exprimer cette agressivité mais, dans la section, nous réglons les problèmes avec l'aide des mots ou avec l'aide d'un adulte. Nous permettons alors aux enfants d'avoir un lieu pour sortir l'agressivité qui est normale et indispensable à cet âge. Un enfant agressif doit questionner une équipe autant qu'un enfant qui ne montre aucun signe d'agressivité.

Ateliers construction-démolition
Trop souvent, dans les établissements petite enfance, l'agressivité est bannie. Or, les enfants doivent apprendre à gérer cette émotion comme la tristesse ou la joie. L'agressivité est souvent mal perçue par les professionnelles. Pour que les jeunes enfants puissent expérimenter leur force, on peut mettre des ateliers de démolitions : de briques, anciennes boîtes de mouchoirs, bouteilles de lait vides. La première étape est de construire, puis, de détruire. Pour socialiser ce moment, il faut instaurer une petite règle : « on peut détruire que ce que l'on construit ». Cela induit que les enfants font ensemble ou seul pour avoir le privilège de casser. Le but est de laisser des espaces dans la journée pour libérer les tensions, les colères et l'agressivité. Si vous réprimez trop l'agressivité dans une section, vous aurez l'effet inverse. Les enfants auront des actes d'agressivité différés. Des enfants, sans raisons apparentes, taperont ou mordront. Nous expliquons ces actes par une action produite dans la journée qui a été empêchée mais ce chérubin a gardé toute la colère en lui. Lorsqu'il sera sans surveillance, il libérera cette tension en lui sur un camarade qui n'était pas responsable de son problème. Les adultes ont parfois le même fonctionnement. Lorsqu'une journée a été dure au travail, nous rentrons chez nous et, sans raison, nous déversons la tension sur notre famille.

Jeux calmes, jeux dynamiques
L'outil le plus efficace pour aider les enfants à gérer cette agressivité et de leur proposer autant de jeux calmes que de jeux dynamiques. Mais, nous devons prévoir des jeux pour apprendre à maîtriser leurs corps et leurs forces. Les enfants aiment pousser les chaises car il y a une résistance donc ils doivent pousser fort. Nous pouvons leur proposer des activités identiques où ils portent, jettent des choses lourdes. L'endroit sera sécurisé et tout le monde peut s’exercer. Quand il y a des griffures, il est souhaitable de favoriser les activités où les mains sont en action puisque la tension passe par les doigts pour sortir. Les jeux de sable, pâte à modeler ou eau sont de très bonnes indications pour résoudre ces problèmes. Pour les morsures, vous pouvez proposer un anneau de dentition mais les grands enfants n'en sont pas fans. Si vous avez une poupée ou un jouet à cet usage, cela sera parfait. Si quelqu'un a besoin de taper ou mordre, vous l'orienterez sur cet objet. Vous n'interdisez pas, vous canalisez. Or, vous savez  combien, à cet âge, ils aiment transgresser les règles alors évitez d'en ajouter une pour leur plaisir. Il est différent de dire : « ne fais pas ! » de « tu peux faire ça, là-bas ! ».          

Comprendre le contexte des actes agressifs
La difficulté quand un jeune enfant pose problème est de retracer ses actions. Nous sommes souvent pris par plusieurs tâches et nous ne voyons pas la situation dans sa globalité. La première action serait de mettre un petit journal de bord pour les bambins qui nous préoccupent. Le but est de retracer les moments et les heures où il y a eu des problèmes. Parfois, nous allons découvrir que c'est toujours à la même heure ou avec les mêmes professionnels. Dans ce cas, le problème consiste à réfléchir sur le point qui dérange : nombre d'enfants, rythme de la journée ou encadrement du groupe de la section. Dans d'autres cas, il n'y aura qu'une seule victime dans toutes les situations. Nous proposerons alors de travailler avec ces deux enfants. Les camarades qui passent beaucoup de temps ensemble finissent, parfois, par ne plus se supporter. Il faudra donc faire donc attention à proposer des activités où les deux protagonistes soient séparés pour mieux se retrouver. De temps en temps, il faut aussi que les accueillants fassent de la médiatisation entre deux copains de section. Un travail en petit groupe sera nécessaire afin d'aider à mettre en mot les difficultés dans la relation. On pourra alors proposer d'autres modes de communication.

Un garde du corps pour le « petit agresseur »
Il y a des circonstances où le jeune enfant qui posera des problèmes nécessiteront un garde du corps. J'entends par là, une personne qui le suit et remet les bases de la communication et de la socialisation avec lui. Vous me direz c'est difficile d'avoir un adulte pour un enfant. Mais, il vous sera encore plus difficile d'avoir un enfant qui pose problème toute la journée. Nous savons que très vite les parents de la section se plaindront et le phénomène d'imitation, propre à cette tranche d'âge, augmentera la complication. Quand un enfant mord, tape ou pousse, le premier acte est de le « sevrer », dans le sens de perdre cette sensation. Si par malheur, il arrive à ses fins, ne lui dits pas : « c'est pas possible de faire ça ! » car il vient de le faire donc votre phrase perd tout son sens. Il préférable de lui dire : « Ici, on ne fait pas comme cela quand on est en colère mais on le dit avec des mots ou avec l'aide d'un adulte ». Vous pouvez lui proposer des phrases ou des attitudes pour la situation.
Si l'enfant demande beaucoup d'attention par son comportement, vous ferez des tours de surveillance afin de ne lasser pas celui qui a le rôle de « surveillant ». Bien évidement, vous prendrez le temps d'expliquer à ce chérubin les raisons de la proximité avec un adulte. Puis, au fur et à mesure, vous prendrez de la distance quand le comportement s'améliorera.
Le journal de bord vous permettra de visualiser l'amélioration du comportement de façon objective car, parfois, la mémoire a des failles. Dans toutes les situations, vous devez savoir que le temps et la répétition seront vos meilleurs outils. La cohérence d'équipe dans le choix d'une méthode permet  aux enfants d'être contenus et soutenus par ce travail. Bien évidement, les propositions ne sont que des suggestions et, si votre équipe comporte un psychologue, vous mettrez en place un travail plus spécifique dans l'unité de vie.

 
Article rédigé par : Frédéric Groux, EJe, psychologue de crèche

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