Autisme : détecter les premiers signes chez le tout-petit
Plus tôt on dépiste, plus tôt on intervient
Compte tenu de l’augmentation constante du nombre d’enfants touchés par un Trouble du Spectre Autistique (voir encadré) l’autisme a été érigé au rang de Grande Cause nationale 2012 par le Premier ministre. De nombreux challenges unissent les associations de familles, les collectifs d’experts et les laboratoires de recherche : perfectionner la prise en charge de ces enfants, favoriser leur intégration dans notre société, identifier la cause de l’émergence de ce trouble et, enfin… permettre un dépistage précoce. Pour relever ce dernier défi, largement prôné par le 3ème Plan autisme (2013-2017), nous avons besoin de vous, les professionnels de la petite enfance.
Le cerveau des jeunes enfants est doté d’une précieuse fonctionnalité que l’on appelle la « plasticité cérébrale ». Cela signifie que leur petit cerveau est en capacité de se modifier, de se moduler, de se transformer en fonction de son environnement. Si une prise en charge survient tôt dans le développement d’un enfant présentant un TSA, de nombreuses stimulations positives lui seront apportées et viendront alors booster ses points faibles et améliorer ses capacités de communication et de socialisation. Si cette prise en charge ne permettra pas d’évincer tout symptôme autistique de la vie de l’enfant, elle augmentera significativement ses chances de développer des apprentissages et de peaufiner sa communication. L’enjeu est donc de taille.
Difficulté à capter son regard, dès les premiers mois
Les premiers symptômes peuvent apparaître très tôt dans le développement de l’enfant. Une équipe de chercheurs d’Atlanta, aux Etats-Unis, a souligné que le contact visuel de ces bébés tendait à s’altérer dès deux mois. Habituellement, les bébés viennent au monde avec différentes prédispositions à la communication, dont le contact visuel. Ceux-ci observent davantage les yeux de leur interlocuteur plutôt que le reste du visage, et davantage le visage plutôt que le reste du corps. Or, dans cette expérience, les chercheurs ont constaté que les bébés autistes regardaient de moins en moins les yeux de leur interlocuteur, mais aussi souriaient et vocalisaient moins que les enfants tout-venants. Ceci dit, à cet âge, les chercheurs recourent à des outils informatiques spécifiques pour identifier les premiers symptômes. Il est donc tout à fait logique que ces tout premiers signes d’alerte échappent à la vigilance des professionnels et des parents.
Un enfant moins tourné vers les autres, un jeu plus pauvre
A mesure que l’enfant se développe, l’écart entre son comportement et celui des autres enfants de son âge tend à se creuser. Les signes sont donc de plus en plus identifiables :
• Il recherche moins le regard et le contact des personnes,
• Il ne réagit pas toujours à l’appel de son prénom (d’où l’importance - capitale - de vérifier sa bonne audition au préalable)
• Il sollicite peu l’adulte pour partager son intérêt (pour un jouet, par exemple)
• Son jeu est souvent restreint et stéréotypé : l’enfant peut par exemple se focaliser sur une partie du jouet, les cheveux de la poupée, les roues du camion ou encore les dents du crocodile
• Son jeu est davantage sensori-moteur plutôt que fonctionnel : il va agiter les cheveux de la poupée devant la lumière plutôt que les coiffer ou encore lancer en l’air le camion et prendre plaisir à écouter le son de sa chute plutôt que le faire rouler au sol
• Son jeu peut consister à empiler ou à aligner des jouets
Dépistage ne veut pas dire diagnostic !
Tout au long de cette démarche, il est primordial de conserver une certaine prudence dans l’identification et le décryptage de ces signes.
• N’oublions pas que chaque enfant a une trajectoire de développement qui lui est propre. Certaines trajectoires sont linéaires et harmonieuses, d’autres non. Pour autant, une trajectoire de développement atypique n’est pas nécessairement pathologique.
• Tous les enfants qui sont touchés par un réel Trouble du Spectre Autistique ne présentent pas l’ensemble de ces signes. Il s’agit donc d’appréhender chaque développement au cas par cas, ce qui est le rôle du psychologue et du médecin de la structure.
• Attention, dépister (= détecter, déceler, identifier les signes d’une éventuelle pathologie) ne signifie pas diagnostiquer (= démarche médicale qui consiste à poser un terme fixe sur un ensemble de symptômes). Si le dépistage peut survenir tôt dans la vie de l’enfant, le diagnostic sera posé plus tard, vers ses trois ans, à la suite de bilans effectués par une équipe pluridisciplinaire. Votre rôle consiste donc à poser la toute première pierre à l’édifice.
• Il est fréquent que le médecin traitant de l’enfant se veuille rassurant quant au développement de son jeune patient et soutienne un point de vue tout à fait opposé à celui de l’équipe de la crèche (les raisons sont multiples, notamment le manque de formation de certains médecins au diagnostic de l’autisme et la courte durée des consultations qui ne leur permettent pas d’élaborer une observation fine et suffisante de l’enfant).
• Certains psychologues et autres professionnels de la petite enfance continuent à s’opposer à la perspective d’un dépistage précoce, soutenant l’idée qu’identifier une pathologie revient à étiqueter l’enfant.
A savoir : Pour favoriser le dépistage précoce du TSA, les associations « Autisme France » et « Autistes sans Frontières » ont créé une brochure accessible à l’attention des professionnels de la petite enfance. Nous vous invitons la télécharger ci-dessous ou sur le site d’Autisme France et à la faire découvrir à vos collègues, avec l’appui du psychologue, de l’infirmier ou du médecin de votre structure. A présent, c’est à vous de jouer.
- Pièce(s) jointe(s):
- 1.82 Mo577_p_21141_2.pdf
Des chiffres préoccupants
La fréquence des diagnostics d’autisme s’est largement accrue en une vingtaine d’années. Selon les études statistiques, présenteraient des symptômes du spectre autistique :
• 60 à 70 enfants sur 10 000
• 1 enfant sur 150
• 0.6% de la population
• 650 000 personnes en France
• 5 millions de personnes dans les pays de l’Union Européenne
• 3 garçons pour 1 fille
• 60 à 70 enfants sur 10 000
• 1 enfant sur 150
• 0.6% de la population
• 650 000 personnes en France
• 5 millions de personnes dans les pays de l’Union Européenne
• 3 garçons pour 1 fille
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire