samedi 6 mai 2017

Le jeu d’imitation

Le jeu d’imitation, déterminant dans le développement de l’enfant

S’occuper de son ours malade ou mettre sa poupée au lit, préparer un gâteau ou planter un clou, les bébés adorent jouer à faire semblant. Mais à quoi sert vraiment le jeu d’imitation ?

 
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Dès ses premiers mois, le tout-petit  imite l’adulte, le plus souvent sa maman, lorsqu’elle fait « bravo », « coucou » ou « au revoir ». On parle d’imitation directe car l’enfant reproduit  spontanément le geste qu’il vient de voir. Vers 18-24 mois démarre véritablement le processus d’imitation.  « A travers le jeu, le bébé est alors capable d’imiter un modèle en son absence en réactivant des images mentales, explique Anne-Sophie Casal, psychologue, responsable  du secteur jeu et petite enfance au Centre national de formation aux métiers du jouet. Il reproduit une action qu’il a vécue ou observée dans son quotidien, c’est ce qu’on appelle l’imitation différée. Le petit enfant fait semblant de manger ou de boire, il évoque quelque chose d’absent. Il utilise sa pensée symbolique qui est train d’émerger.  » Au départ, l’enfant dirige le jeu vers lui, quand il fait semblant de se brosser les cheveux, puis vers l’autre, son nounours, lorsqu’il fait mine de le coiffer. L’imitation différée n’est possible que lorsque l’enfant a acquis la permanence de l’objet, c’est à dire la compréhension que lorsqu'un objet cesse d'être présent il continue d'exister. La deuxième année, la fonction symbolique se développe grâce aux jeux d‘imitation. Pour le psychologue Jean Piaget, connu pour ses travaux en psychologie du développement, le langage émerge grâce à l’imitation différée.

La pratique du jeu symbolique
Les jeux d’imitation sont déclinables à l’infini. De la mallette de docteur au camion de pompier en passant par l’incontournable dînette et le déguisement de princesse. « Plus les objets sont réalistes, plus l’enfant va les investir, souligne Anne-Sophie Casal. Il ne faut pas hésiter à lui montrer le vrai objet avant de lui proposer celui en plastique et surtout veiller à ce qu’il soit toujours conforme aux normes de sécurité. » Chez les plus petits, les jeux doivent être simples, un poupon, un biberon, une brosse. Les 1er « faire semblant » sont très centrés autour du quotidien de l’enfant (le repas, le sommeil, le bain). Pas toujours besoin de matériel sophistiqué, les enfants s’amusent et imaginent des situations avec les objets du quotidien: une cuillère en bois, des bassines, des seaux, des cartons. Les jeux symboliques se classent en trois catégories : les jeux de rôle avec la cuisine, la dînette, la nurserie (poupon, baignoire, biberon etc. ), les activités ménagères, l’atelier de bricolage et tous les déguisements. L’enfant les utilise  pour imiter des personnes, des animaux, des situations, des événements qu’il a observés dans son quotidien. Les jeux de représentation (dessin, pate à modeler, ardoise) permettent au tout-petit de représenter des objets, des personnages, des situations ou des évènements. Enfin, dans les jeux de mise en scène (garage, caserne de pompier, ferme, ainsi que les figurines qui s’y rapportent), l’enfant n’est plus acteur, il invente ses propres histoires avec des personnages à qui il attribue des rôles. Le jeu de mise en scène nécessite que la pensée symbolique soit déjà bien consolidée, pas avant 3 ou 4 ans.

Le jeu symbolique agit sur le développement global
Le développement cognitif dépend  de la maturation du cerveau et des interactions sociales et physiques. En imitant, l’enfant interagit avec son environnement, il construit ainsi ses structures cognitives. Entre 2 et 4 ans, le jeu symbolique permet au tout-petit de résoudre des conflits internes, de se libérer des contraintes du quotidien. Comme le souligne Anne-Sophie Casal, « il a un rôle d’exutoire de tension. L’enfant reproduit des scènes de son quotidien, de son point de vue, dans un cadre sécurisant. Très souvent, il rejoue l’autorité en grondant sa poupée ou son doudou. C’est une manière pour lui d’assimiler les rôles sociaux et de se soumettre aux règles et aux codes. » En faisant semblant d’être l’autre, l’enfant peut exprimer des choses même lorsqu’il ne maîtrise pas totalement le langage. Il prend du recul par rapport à ce qu’il vit. Le jeu d’imitation participe également au développement de sa motricité. En manipulant de nombreux petits objets, par exemple dans un jeu de dînette, il développe sa motricité fine. Lorsqu’il donne à manger au bébé ou l’habille, il ajuste ses gestes pour parvenir à son but. Enfin, l’imitation joue un rôle majeur dans la socialisation. Le fait de jouer d’autres rôles permet de prendre conscience de l’existence de l’autre mais aussi de soi-même et de jouer en interaction.

Voir notre sélection de jeux d'imitation 
Lire notre article sur le jeu symbolique à la crèche 
Article rédigé par : Suzanne Godot

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