mardi 31 mai 2016

La langue des signes


La langue des signes


Voici un article très très intéressant sur le langage des signes utilisé dans certaines structures collectives. Cet article a été écrit par Béatrice Brison et pioché sur le blog "Le cercle des auxiliaires de puériculture et des Eje". Je tiens à vous en faire profiter car au-delà du fait qu'il est très bien écrit, je pense qu'il peut et devrait être adapté, non pas seulement en structure collective, mais également par les parents et les accueillants (assistants maternels et assistants familiaux) afin de favoriser la communication avec les plus petits.

Je vous laisse vous faire votre propre idée et qui sait, vous donner envie de tenter l'aventure. Bonne lecture à vous tous !


Il y a quelques années quand j’ai entendu parler de ce concept, j’étais plutôt récalcitrante. Je me disais « mais quel intérêt d’utiliser la langue des signes avec des enfants entendants ? ». Et comme beaucoup de personnes découvrant cette pratique je me disais, à tord, que cela pouvait ralentir l’acquisition du langage. Puis une année, j’ai intégré une crèche qui mettait en place ce projet. L’objectif : calmer les frustrations chez les touts petits.
C’est ainsi que j’ai participé avec plaisir à sa mise en place. J’aime découvrir de nouvelles choses et j’étais ravie de pouvoir comprendre ce qu’était réellement la mise place de la langue des signes français (LSF) en crèche. J’étais loin de me douter qu’une belle aventure s’ouvrait à moi, celle d’une communication gestuelle et du langage associé.
Le principe
Le principe est d’associer un geste de la langue des signes à un mot. Le geste réalisé s’appelle un « signe ». Par exemple chaque fois que je vais prononcer le mot « manger » je vais le signer.
Il s’agit de signer quelques mots clés qui reviennent régulièrement dans le quotidien du petit.
Suite à certains retours je précise que la langue des signes est une langue à part entière complexe avec sa syntaxe bien à elle. Utiliser quelques mots en crèche ne signifie aucunement que nous » parlons » cette langue mais uniquement que nous en utilisons son principe  pour l’intégrer au monde de la petite enfance. Utiliser la langue des signes en crèche c’est uniquement signer quelques mots.
l’intérêt
L’enfant qui n’a pas encore acquis la parole a des besoins qu’il ne peut clairement exprimer. C’est alors par les pleurs qu’il va extérioriser un besoin et parfois, suivant son âge, par de l’agressivité. L’enfant apprend très vite à signer contrairement à l’acquisition du langage. Vers 7-8 mois il est capable de reproduire sciemment certains gestes. Ainsi, grâce à la langue des signes, un bébé qui voudra par exemple que vous lui chantiez encore une chanson aura la capacité de signer le mot « encore » pour en réclamer une autre.
Le fait d’être compris plus facilement positionne l’enfant dans un contexte de sécurité affective et cela diminue sa frustration. La frustration est nécessaire pour grandir allez vous me dire. Oui je suis d’accord, mais quand c’est une frustration qui vient de l’incapacité à s’exprimer celle ci n’est pas constructive et loin d’être rassurante.
Vous l’aurez sûrement comprit la LSF est surtout utile pour les enfants qui n’ont pas encore acquis le langage verbal donc jusqu’à la section des moyens. Je ne donne pas une moyenne d’âge, comme vous le savez chaque enfant a son propre développement. Pour les enfants ayant acquis la parole, la lsf leur permet, s’ils le souhaitent, d’utiliser les gestes d’une façon ludique. De plus, ils peuvent utiliser les signes pour communiquer avec les autres enfants qui n’en sont pas au même stade et comme les professionnels, ils ont toujours le réflexe d’associer la parole aux signes.
Pratiquer la LSF avec les petits c’est leur offrir la capacité de s’exprimer autrement que par les pleurs, c’est s’ouvrir à la communication gestuelle et corporelle:)
La mise en place de la LSF en structure
Tout d’abord, il faut que tous les professionnels coopèrent au projet. En effet, pour que l’enfant intègre un signe il faut qu’il puisse le voir fréquemment, dans l’idéal à chaque fois que le mot clé est utilisé. L’enfant par mimétisme pourra ainsi s’approprier le geste et signer à son tour.
Quand une structure met en place la pratique de la LSF elle le fait dès la section des bébés, même si elle peut être proposé plus tard. Les premiers mois les bébés n’ont pas la capacité motrice ni intellectuelle d’utiliser la communication gestuelle mais en observant ils s’imprègnent déjà de ce mode de communication et cela permet aux professionnels de garder ce réflexe. On peut très bien utiliser la LSF avec des enfants de plus d’un an sans pour autant qu’ils en aient bénéficié avant.
Certains enfants ne signent pas ou signeront plus tardivement que d’autres. Inutile d’inciter l’enfant à faire les gestes à tout prix, il doit pouvoir avoir le choix entre utiliser la communication gestuelle ou non.
Beaucoup d’entre eux ne signent pas les mots avec la gestuelle parfaite. Ça n’est pas important car nous reconnaissons malgré tout le geste effectué avec aisance. La LSF n’est pas proposé comme un apprentissage hormis dans certaines structures atypiques comme la crèche « quai du lotte » à Paris qui accueille un certain nombre d’enfants sourds ou malentendants.
L’équipe détermine 10 à 20 mots clés. Voici quelques exemples : papa, maman, travail, encore, changer, pipi, caca, jouer, jardin, gâteau, manger, boire, eau, lait, content, colère, peur, triste, avoir mal, interdit.
Il est intéressant de créer un livret avec la photo de chaque signe et sa description. Ainsi les professionnels peuvent facilement s’y référer en cas d’oubli et il permettra aux nouvelles collègues d’avoir un support significatif. Ce livret est offert aux parents et les professionnels leur explique son principe. Nous devons aussi les inviter à nous solliciter en cas de questionnement. Nous rendre disponible à l’instant présent mais aussi pour le futur c’est créer un climat de confiance.
Comme pour les enfants la LSF doit rester une proposition pour les parents pas une obligation. Certains signent de rapidement les mots de la crèche à la maison. D’autres n’en ont pas envie. Puis il y a des parents qui commencent à s’intéresser à ce mode de communication quand il voient leur bout de chou faire son premier signe. Combien de parents j’ai vu un matin sourire aux lèvres et grande fierté « il a fait ce geste ça veut dire quoi ? » : beaucoup !
Il est primordial de toujours associer le geste à la parole : Signer et parler permet à l’enfant de s’approprier par la même occasion le langage verbal de façon ludique.
La langue des signes en chanson
Les chansons de crèche sont souvent accompagnées de gestes. Les enfants adorent ça, ils refont les gestes spontanément. En y intégrant quelques signes de la LSF cela permet de la pratiquer tout en s’amusant.
Voici un exemple de trois chansons avec les mots à signer
– petit escargot : escargot, dos, maison, pluie, content
– j’fais pipi sur l’gazon : pipi, herbe, moquer, coccinelle, papillon
– mon petit lapin : lapin, cacher, jardin, choux, manger
Faut-il avoir une formation pour pouvoir signer avec les touts petits ?
Soyez rassuré pas nécessairement. De très bons livres sont sur le marché. Je vous recommande tous les livres sur le thème du bébé et de la LSF de Monica compagnys(qui est ma formatrice d’atelier bébé signe en passant :)). Mon préféré c’est le livre« Encore » mais tous ses autres livres sont excellents. Ensuite vous pouvez vous faire aider de l’application « ELIX » à télécharger via votre Android, qui est un dictionnaire sous forme de vidéos. Enfin n’hésitez pas à me solliciter en me laissant un message je serais ravie de pourvoir vous apporter mon aide.
Si vous souhaitez bénéficier d’une formation(ce qui est tout de même l’idéal), vous pouvez faire appel à des associations, notamment l’association « Mégaphone » qui se déplace dans toute la France. Elle est formée d’une équipe passionnée et joyeuse. Je vous conseille aussi vivement Isabelle Cottenceau, formatrice de la communication gestuelle chez l’enfant. En plus d’être pédagogue, elle est passionnée, dynamique et saura vous transmettre son savoir et son expérience dans la bonne humeur.
Quel terme utiliser en crèche : langage des signes ? langue des signes ou communication gestuelle ?
Tout d’abord je veux souligner le fait que la langue des signes n’est pas un langage. Elle est reconnue comme une langue à part entière et les sourds se sont battu pour ça. Par conséquence on devrait toujours dire « langue » et non pas « langage ». Malheureusement beaucoup de personnes n’ont pas conscience de cette différence.
Il faut savoir tout de même que certaines crèches préfèrent utiliser le terme « langage » car en structure nous utilisons juste quelques mots et non pas les phrases entières. Personnellement je n’aime pas cette dernière appellation : dirions nous, si nous utilisions quelques mots d’anglais que nous pratiquons le langage anglais au lieu de l’anglais ?
La communication gestuelle me semble appropriée, tout autant que le français ou l’allemand est une communication verbale.
Pour info : la langue des signes n’est pas universelle. Chaque pays détient ses propres signes. D’une région à l’autre les signes peuvent aussi différer. Souvent pour un mot il existe plusieurs signes. L’important est de choisir celui qui nous convient le mieux.
Prêt pour l’aventure ?:)
Vous allez vivre une expérience unique et vous serez sûrement étonné de son bienfait. Il y a quelques mois une enfant de 16 mois signait le mot « jardin » alors que nous allions lui proposer de faire une autre activité. Sans la LSF elle aurait peut être pleurer ou bien elle aurait suivie l’adulte sans avoir pu exprimer sa préférence.
Une autre fois, alors que le photographe prenait l’équipe et les enfants en photo un petit garçon de 13 mois me signe le mot « manger ». En effet c’était l’heure du repas et j’ai pu lui expliquer qu’après la photo nous irions manger. Sans cela peut être qu’il aurait exprimer son besoin en s’agitant ou en pleurant.
Quand je vais dans la section des bébés avec ma guitare, à chaque fin de chanson ils signent le mot « encore » !
Comme moi vous aurez peut être envie d’aller plus loin en apprenant la Langue des Signes Français. Vous pourriez ainsi accueillir des stagiaires sourdes et vous lancer dans la formation d’atelier bébé signe avec l’association « bébé fais moi signe » (pour cela il faut déjà avoir effectué 30 heure de cours de LSF).
C’est tout ce que je vous souhaite !
Si vous avez eu le courage de lire jusqu’ici c’est que vous avez une grande motivation il est temps de vous lancer😉
Bonne LSF !
ÉCRIT PAR BRISON BÉATRICE



https://lecercledesapeteje.wordpress.com/2015/06/06/la-langue-des-signes-en-creche/

Education bienveillante

Éducation bienveillante : petit guide à l’usage des parents

Supplément au n°588 de Pomme d'Api, février 2015. “L'éducation bienveillante - Petit guide à l'usage de tous les parents”. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Robin


Parentalité positive, communication bienveillante… En ce moment, sur Internet et dans les rayons des librairies, ces termes ont la cote. Méthode efficace pour les uns, laxisme pour les autres… Pomme d’Api fait le point sur “l’éducation bienveillante”, une manière d’être parent que nous prônons dans nos pages, sans jamais vous l’avoir dit !

Parents bienveillants, oui, mais… maladroits aussi !

Lors d'un dîner, un des invités renverse son verre. Qui d’entre nous oserait s’emporter contre lui en disant : “T’es vraiment maladroit ! C’est pas croyable !” De la même façon, à un collègue qui vient de prendre un nouveau poste, personne ne songerait à dire : “Attends, t’as fait la mêmeerreur qu’hier, tu n’y arriveras jamais !” Or c’est souvent sur ce mode que nous nous adressons à nos enfants, alors que chez eux, tout n’est qu’apprentissage, tout n’est que premières fois.
Supplément au n°588 de Pomme d'Api, février 2015. “L'éducation bienveillante - Petit guide à l'usage de tous les parents”. Illustration : Robin
Bienveillants vis-à-vis de nos enfants, pourtant, nous le sommes tous. Bienveillants, oui, mais… maladroits aussi ! Maladroits, lorsque nous disons par exemple : “Allez, allez, arrête de pleurer, c’est fini, t’as pas mal !” Ou lorsque nous parlons de notre petit de 3 ans en disant : “Il est terrible !” ou encore lorsque nous le secouons par le bras en criant : “Dis donc, qui c’est qui commande ici ?”

6 règles d’or et 6 formulations à bannir de notre vocabulaire pour une éducation bienveillante

Les recherches les plus récentes sur le cerveau humain ont prouvé qu’une éducation empathique et respectueuse permet au cerveau de se développer de façon optimale. À l’opposé, le stress, les humiliations, les violences verbales ou physiques peuvent modifier en profondeur un cerveau en construction et entraîner des troubles cognitifs (voir en fin d'article “Pour aller plus loin”).
Heureusement, nos maladresses quotidiennes peuvent se corriger, par petites touches et avec un peu d’entraînement. Car l’éducation bienveillante est avant tout une histoire d’attitude. Et s’il y a parfois des rechutes, ce n’est pas grave ! Avec Nadège Larcher, psychologue et formatrice à “L’Atelier des parents”, Pomme d’Api a retenu 6 règles d’or… et 6 formulations à bannir de notre vocabulaire, pour s’entraîner à être des parents encore plus bienveillants.

1 - Distinguer l’enfant de ses actes. Pour ne plus dire : “Tu es infernal !”

Jean a 4 ans. Lors d’un repas de famille, il verse le contenu de la salière dans son verre. Son grand-père réagit : “Tu ne fais vraiment que des bêtises ! Quel idiot !” Jean se fait tout petit sur sa chaise. Ce qu’il entend, c’est “Je suis nul.” Or, ce qui est incriminé, ce n’est pas lui, mais ce qu’il a fait. Il faut avoir la vigilance de distinguer les deux : “Ah, tu observes le sel se dissoudre dans l’eau ? C’est intéressant, hein ! Par contre, manger trop de sel n’est pas bon pour la santé, et je t’ai expliqué qu’il faut attendre la fin du repas pour jouer. Va jeter ton eau dans l’évier.”
Détail de langage ? Les conséquences sur l’estime de soi sont cruciales. Jean se sent respecté, car l’adulte considère sa curiosité naturelle et son aptitude à réparer ce qu’il a fait. À l’inverse, en utilisant sans nuances le verbe être (“Ma fille est capricieuse, mon fils est égoïste…”), on enferme les enfants dans une fausse vision d’eux-mêmes, qu’ils vont ensuite s’ingénier à confirmer. Pour faire court, un enfant “terrible” fera tout pour le rester.

2 - Fixer les règles à l’avance. Pour ne plus dire : “Combien de fois faut-il le répéter ?”

Supplément au n°588 de Pomme d'Api, février 2015. “L'éducation bienveillante - Petit guide à l'usage de tous les parents”. Illustration : Robin
Alice et Marina ont 3 ans. Leurs parents sont invités avec elles à un apéritif. Arrivées chez leurs hôtes, les deux sœurs entament une course-poursuite autour de la table basse et escaladent les fauteuils. Leur papa se fâche très fort. Mais à bien y réfléchir, avait-il pris le temps, à l’avance, d’exprimer ce qu’il attendait de ses filles dans ce type de situation ? Elles ne pouvaient pas forcément le deviner.
Ce qui paraît évident aux adultes ne l’est pas toujours pour les petits. Et plutôt que de réagir alors que la “bêtise” a déjà été faite, il faut essayer de l’anticiper, en fixant les règles à l’avance : “Nous allons au supermarché. À l’intérieur, on marche tranquillement à côté du Caddie. Et quand vous insistez pour acheter des choses, cela me gêne.” Ou encore : “Pour te servir des jouets de ton frère, tu dois d’abord le lui demander.”
Supplément au n°588 de Pomme d'Api, février 2015. “L'éducation bienveillante - Petit guide à l'usage de tous les parents”. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Robin
Vous avez l’impression de répéter toujours les mêmes consignes ? Normal ! Avant 6-7 ans, les enfants ne sont pas capables d’intégrer les règles définitivement.

3 - Exprimer les interdits de façon positive. Pour ne plus dire : “Ne crie pas !”

Faites le test. Au lieu de crier : “Ne cours pas !”, dites plutôt : “Marche !” Vous verrez, ça… marche ! Car dans l’injonction “Ne cours pas !”, un cerveau tout jeune entend avant tout le verbe courir : “cours !” Mieux vaut s’entraîner à dire ce que l’on a le droit de faire, plutôt que souligner ce que l’on n’a pas le droit de faire. 

4 - Reconnaître les émotions de l’enfant. Pour ne pas dire : “Ce n’est rien !”

Supplément au n°588 de Pomme d'Api, février 2015. “L'éducation bienveillante - Petit guide à l'usage de tous les parents”. Illustration : Robin
Elena a 3 ans. Depuis le retour de la garderie, elle est irritable. Et quand elle tombe dans le couloir, c’est la crise. Elle tempête, elle hurle, et tend les bras vers sa maman.
En quoi le classique : “Ce n’est pas grave, t’as pas mal !” serait-il consolateur ? Bien sûr que c’est grave, bien sûr qu’elle se sent mal ! Pourquoi nier son ressenti ? La prendre dans ses bras en constatant simplement : “Tu es tombée. Tu as mal. Tu pleures. Tu es en colère” lui prouve qu’elle est écoutée, comprise, respectée. Et… ses larmes sèchent beaucoup plus vite.
Cela vaut aussi pour nous : plutôt que d’exploser et jeter sacolère à la tête de l’enfant en hurlant : “Tu es impossible !”, parlons à la première personne, en nous contentant de constats et en rappelant les règles : “Je suis énervé de voir que tu continues de sauter sur le canapé. Le canapé est fait pour s’asseoir.”

5 - Ne pas voir d’intention là où il n’y en a pas. Pour ne plus dire : “Il me fait un caprice !”

Quand un de ses enfants se roule par terre, Gaëlle ne se demande plus s’il “fait un caprice” mais se pose d’autres questions : “Lequel de ses besoins n’est pas rempli ? Son besoin d’affection ? De repos ? Les règles n’étaient pas claires… ?”
Peu à peu, l’enfant apprendra à reconnaître et exprimer ses émotions et ses besoins. Pour les y aider, Lucie invite ses garçons à utiliser un code couleur, en choisissant des crayons : rouge, pour la mauvaise humeur, orange, pour la contrariété, vert, tout va bien. Au retour de l’école, cela lui permet de prendre la température sans grands discours.

6 - Être souple en maintenant le cadre. Pour ne plus dire : “C’est comme ça et pas autrement !”

«Quand un de mes fils ne voulait pas aller au bain, relate Lucie, avant, je disais : “Tu y vas tout de suite ou tu files dans ta chambre.” Maintenant, je dis : “Tu peux encore jouer, mais quand la grande aiguille sera sur le 3, tu vas dans le bain.» Cette alternative est acceptable pour tout le monde et elle a l’avantage de mettre l’enfant dans une position active.
Un point de vue que partage Gaëlle, mère de trois enfants. “Avant, quand j’avais dit non, je ne revenais pas dessus, pour ne pas perdre la face. Mais en fait, on ne perd rien à revenir sur quelque chose. Mes enfants savent très bien distinguer les choses sur lesquelles je ne transige pas : on donne la main pour traverser la rue, etc.” Cela vaut parfois la peine de se demanderpourquoi on impose notre volonté à nos enfants. Pull orange ou pull rouge, quelle importance, finalement ?

Pour aller plus loin

• Remerciements à Nadège Larcher, psychologue et formatrice à L'atelier des parents
• Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse. Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, éd. Robert Laffont, 2014.
• Nathalie de Boisgrollier, Élever ses enfants sans élever la voix, éd. Albin Michel, 2014.
Supplément au n°588 de Pomme d'Api, février 2015. “L'éducation bienveillante - Petit guide à l'usage de tous les parents”. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Robin









http://www.pommedapi.com/Pour-les-parents/Education-bienveillante-petit-guide-a-l-usage-des-parents

La motricité libre

La motricité libre vous connaissez ? Vous pratiquez ?



La motricité libre.
… mais qu’est-ce-que c’est ?
Tout simplement faire ce qui peut paraître le plus simple (mais qui ne l’est pas toujours avec un enfant) : NE RIEN FAIRE! Ou plus sérieusement laisser l’enfant apprendre à bouger à son rythme en lui laissant une grande liberté de mouvement.

« La liberté motrice consiste à laisser libre cours à tous les mouvements spontanés de l’enfant, sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit. » Emmi Pikler

Un peu d’histoire :
Le concept de motricité libre a été développé par Emi Pikler, pédiatre hongroise dans les années 60. Forte de sa formation en clinique et de sa propre expérience de mère, Emi va voir grandir la conviction que le nourrisson n’a pas besoin de l’intervention d’un adulte dans son développement moteur. Conviction qui grandira en observant les familles qu’elle suit en tant que pédiatre de famille et à qui elle prodigue ses conseils.
Par la suite, nommée responsable d’une pouponnière, elle va mettre en place un gigantesque travail méthodologique sur plus de 700 enfants laissés libres de leurs mouvements.
Ses résultats tendent à montrer que lorsqu’on laisse l’enfant se mouvoir librement et à son propre rythme, celui-ci acquiert son développement moteur tout à fait naturellement et dans un ordre bien précis.
On peut retrouver le compte-rendu de ses travaux dans son livre « Se mouvoir en liberté dès le premier âge »


Aujourd’hui ces travaux sont reconnus et acceptés par un grand nombre de professionnels de santé et de la petite enfance, la motricité libre est de plus en plus pratiquée dans les lieux d’accueil des tout-petits, crèches et halte-garderies.

motricité libre, tapis d'éveil
un simple tapis pour tout découvrir

Les pré-requis : un environnement adapté  et sécurisant :
  •  Une bonne sécurité affective et une relation harmonieuse avec les adultes responsables de l’enfant. La motricité libre ne signifie pas ne pas s’occuper de l’enfant, au contraire c’est un accompagnement tendre et respectueux du développement propre du bébé.
  • Un environnement adapté : qui se résume en « ni trop, ni trop peu ». Un espace assez grand pour que l’enfant soit libre de ses mouvements mais pas trop pour ne pas qu’il s’y sente perdu, quelques jouets adaptés à son âge pour attiser sa curiosité, un support ni trop dur (pas confortable) ni trop mou (entrave la mobilité) et des vêtements confortables, pas trop serrés, des chaussettes ou chaussons souples laissant toute leur mobilité aux pieds.
  • Une relation chaleureuse et bienveillante avec la personne qui s’occupe des soins au nourrisson, afin d’éviter de « crisper » l’enfant par des manières trop brusques de le porter, le changer, etc… (je vous ferais bientôt un article sur l’haptonomie qui a beaucoup à nous apprendre dans la manière de toucher un enfant)

motricité libre, bébé se retourne tout seul
le bébé apprend à se retourner tout seul

En pratique comment ça se passe ?
Des les premiers mois de vie, un simple tapis confortable offre un espace d’éveil suffisant à l’enfant, qui va lui permettre de développer tout seul ses capacités, tourner la tête, relever les jambes, agiter les bras puis pivoter pour tenter d’attraper des objets… On le pose sur le dos, position qui ne lui demande pas d’efforts et lui permet d’observer et d’interagir avec son environnement.
On peut aussi lui faire prendre son bain dans des conditions de motricité libre : faire couler de l’eau à hauteur des oreilles de l’enfant, dans une baignoire à fond plat. Essayez vous verrez c’est surprenant au début mais les enfants adorent et c’est très reposant pour le parent !
Idéalement il faudrait attendre que l’enfant se retourne tout seul pour le laisser sur le ventre, mais la position ventrale présente beaucoup d’intérêt, on peut donc l’y installer un peu plus tôt. En effet, en cherchant à relever la tête puis le torse, le bébé va fortifier sa chaîne musculaire postérieure ce qui va prévenir les risques de plagiocéphalie (aplatissement d’un côté du crâne aggravé par la position couché sur le dos).
On se contente au début des moments de change pour retourner l’enfant en boutonnant le pyjama, puis petit à petit on pourra, selon son aisance, le mettre sur le ventre dans ses moments d’éveil, en veillant à ne pas le laisser se fatiguer, et toujours sous surveillance.
En continuant son exploration du monde, l’enfant va petit à petit apprendre à se retourner, puis à ramper (chacun son style dans les débuts de la mobilité!) pour aller doucement vers le quatre-pattes.
A partir de la position quatre-pattes, l’enfant va pouvoir pousser sur ses bras pour s’asseoir de lui-même. Une fois cette position acquise, il pourra y revenir et en sortir en restant maître de son confort, sans se retrouver « bloqué » dans une position imposée par des adultes.
En grandissant, l’enfant va tenter de se lever en s’accrochant aux meubles de la maison, pour être à la hauteur des membres de la famille, voir ce qu’il se passe, attraper de nouveaux objets. Il passera de meubles en meubles, en se lâchant de plus en plus jusqu’à tenir debout sans support et décider un jour de faire l’expérience de la marche, tout seul, sans qu’on ait eu besoin d’intervenir !


motricité libre, bébé se lâche pour marcher
Bébé se lâche pour marcher quand il s’en sens capable

 Ce qu’il faut éviter :
  • L’utilisation trop fréquente de matériel postural :
    • transat, qui maintient l’enfant dans une position semi-assise artificielle
    • Coussin cale bébé : idem pour la position assise
    • Youpala et trotteur : qui peuvent même être franchement néfastes pour l’acquisition de la marche, l’enfant se déplace en poussant sur ses orteils plutôt que sur ses talons, les roues empêchent la gestion du déséquilibre pourtant nécessaire au basculement d’un pied sur l’autre…
    • Petit aparté sur les porte-bébés non physiologiques où l’enfant est suspendu par son bassin, dans une position verticale artificielle demandant beaucoup trop d’effort à sa musculature, il va sans dire qu’ils sont à éviter ! (article sur le portage physiologique prévu pour début 2015).
  • L’aide trop fréquente des adultes pour mettre l’enfant dans une position qu’il ne maîtrise pas:
    • assis tant qu’il ne peut pas le faire de lui-même : l’enfant est « coincé » dans cette position, ce qui créé des tensions corporelles et entrave l’apprentissage de son schéma corporel (jambes et bassin sont bloqués, il ne peut utiliser que ses membres supérieures)
    • mettre bébé debout, même si celui-ci pousse sur ses jambes (en ostéo on retrouve dans ce cas des blocages à type de torsions dans les jambes)
    • l’aider à marcher en lui tenant les bras. Si l’enfant est vraiment en demande (le mien m’a fait le coup, il venait lui-même m’attraper les mains et se mettait à marcher), il faut se baisser un maximum pour que l’enfant n’ait pas à lever trop haut les mains. Astuce d’une psychomotricienne : placer un foulard devant l’enfant, le faire passer sous ses aisselles et le soutenir en tenant seulement les extrémités du foulard, de cette façon le mouvement de l’enfant se rapproche le plus possible de ce qu’il ferait tout seul.


Les bienfaits de la motricité libre :
Ils sont multiples :
  • une grande aisance corporelle, une fluidité dans les gestes
  • une grande confiance en lui, il se sent capable de faire par lui-même et d’essayer de nouvelles façons de faire
  • une plus grande prudence, une conscience de ses capacités ET de ses incapacités
D’un point de vue santé publique la motricité libre mérite aussi de l’intérêt :
  • elle diminue les risques de plagiocéphalie et utilisée en traitement, permet une régression des symptômes quand elle est pratiquée avant quatre mois. En effet, en respectant la construction motrice de l’enfant, celui-ci peut développer activement les muscles qui contrôlent la tête  et la ceinture scapulaire (haut du thorax, épaules, bras), de manière symétrique, évitant ainsi de reposer toujours sur le même côté du crâne. Les plagiocéphalies, en dehors d’un problème esthétique peuvent être responsables de retards moteurs, de scolioses et de problèmes ophtalmologiques.
  • elle diminue également les torticolis du nouveau-né (pour les mêmes raisons)
  • la motricité libre pourrait avoir une incidence sur la réduction des morts inattendues du nourrisson. En effet, une partie conséquente de ces  décès ont été recensés au moment du premier retournement de l’enfant dans son sommeil. Celui-ci n’ayant pas assez de force pour relever la tête, il y a un risque majeur d’étouffement. En étant régulièrement posé sur le ventre dans ses moments d’éveil, le bébé aura suffisamment de force dans ses muscles cervicaux pour relever la tête et la poser sur le côté.

Motricité libre et ostéopathie :
Le lien entre motricité libre et ostéopathie est interdépendant.
Un enfant qui est éduqué selon les principes de la motricité libre à la maison aura sûrement moins besoin de séances d’ostéopathie (et c’est tant mieux !).
Par contre si les conditions d’accouchement ont été particulières (forceps, spatules, expulsion très longue, césarienne…) ou si dans son apprentissage moteur les parents se rendent compte d’une dysmétrie ou d’une « mauvaise » posture persistante, une ou plusieurs séances d’ostéopathie peuvent être nécessaires pour aider le corps de l’enfant à continuer à se développer dans les meilleures conditions possibles.
Exemples : le bébé tourne sa tête surtout d’un seul côté, il ne se retourne que d’un côté également, il s’étire très souvent, il tête un sein calmement et semble inconfortable à l’autre, le mouvement des hanches est dissymétrique dans le quatre-pattes, à la marche un pied est en dedans, etc….
En retour, après une séance d’ostéopathie, les bienfaits du travail du thérapeute peuvent être décuplés si l’enfant évolue dans la motricité libre. Par exemple, si un bébé vient pour un torticolis mais qu’après la séance il passe la plupart de son temps d’éveil dans un transat ou un cosy, les tensions musculaires vont peu à peu se réinstaller et d’autres séances pourront apporter un soulagement temporaire. Par contre, si de retour à la maison ce bébé peut expérimenter de manière plus confortable le fait de tourner la tête à gauche et à droite, il va naturellement muscler symétriquement ses cervicales, et donc participer activement à l’amélioration de son état.

Pour en savoir plus : sources et liens intéressants





http://osteopathiemontpellier.fr/la-motricite-libre-vous-connaissez/

lundi 30 mai 2016

Pédagogie Loczy



La pédagogie Loczy est très intéressante pour les tout-petits. Il s'agit defavoriser leur développement autonome et harmonieux en intervenant le moins possible tout en offrant une relation stable et affectueuse.
Cette philosophie est de plus en plus appliquée en crèche où les éducateurs constatent qu'elle porte ses fruits. Nous faisons le point.

D'où vient la pédagogie Loczy ?

Cette pédagogie vient des travaux de la pédiatre hongroise Emmi Pikler sur la motricité libre et sur l'expérience de Lóczy, pouponnière qu'elle a fondée avec des conditions d'accueil visant l’éradication des carences institutionnelles :
  • Elle a pour principe une attention personnalisée et des interrelations chaleureuses, au sein d'un environnement stimulant, stable et prévisible.
  • Emmi Pikler a ainsi développé un type de soin tout à fait original dont de nombreux professionnels de la petite enfance se sont, depuis, inspirés dans leur pratique.
Emmi Pikler était persuadée que l’enfant se déplaçant librement, sans restriction, est plus prudent et apprend mieux à tomber sans risque, tandis que l’enfant exagérément protégé et dont les mouvements sont limités, est plus facilement en danger, faute d’avoir expérimenté ses propres capacités et leurs limites.
Pédagogie Loczy : pour l'activité libre
La pédagogie Loczy consiste à laisser l'enfant se développer à son rythme, en puisant dans ses propres ressources sans intervenir dans ses acquisitions motrices comme le développement de la marche.
« Il est essentiel que l’enfant se découvre autant que possible. Si nous l’aidons à résoudre tous les problèmes, nous lui volons le plus important : son développement mental » affirmait Emmi Pickler.
Développement du bébé programmé
Le développement du bébé est programmé. Dans des conditions normales, sans carences affectives, le développement du tout petit se déroule spontanément, dans un ordre donné, de manière identique quelles que soient les époques et les pays :
       Il est donc inutile, il est même nocif d’apprendre au bébé à se retourner, à ramper, se tenir debout, marcher, toucher, saisir, lâcher un objet, etc.
       Concrètement, cela veut dire qu'il ne faut pas assoir un bébé dans une chaise spéciale tant qu'il ne sait pas le faire de lui même. Il faut le laisser allongé par terre près des adultes pour qu'il apprenne de lui même à s'assoir.
Cela veut aussi dire qu'on ne lui prend pas les mains pour lui apprendre à marcher mais qu'on le laisse saisir nos mains s'il en a besoin et qu'on le laisse déployer ainsi ses jambes et sa marche de la manière la plus harmonieuse possible, celle qui lui permettra de développer une marche spontanée qu'on n'aura jamais à corriger.
Le bébé fera tout cela de lui-même, au fil des possibilités nouvelles permises par son développement sensori-moteur.
Suivi des périodes sensibles au développement du bébé
Le bébé prend plaisir à exercer son corps et progresse chaque jour, chaque petit pas précédant et préparant le suivant dans un processus continu et dans un ordre donné :
       Le bébé ne poursuit pas un but, il va à l’aventure, découvre à tâtons...
       Il est ainsi capable de fournir d'énormes efforts et fait preuve de ténacité, puis, le moment venu, il est capable aussi de se reposer, de regarder ailleurs, avant de retourner à sa tâche.
En égard à ses facultés de concentration et sa ténacité étonnante, il est important de respecter les activités spontanées du bébé, l’ordre et le rythme de leur apparition, la continuité de ce processus dont le bébé est auteur et acteur, parce que chaque pas prépare le suivant.
D'où l'importance de ne pas le contrarier en faisant intrusion, en exposant par exemple le bébé à des postures qu’il n’a pas encore découvertes et qu’il n’est pas encore prêt à adopter, lui enlevant la joie de découvrir par lui-même et la confiance en ses propres capacités, comme en le mettant en position assise ou dans un youpala.
Pour développer ses compétences, le tout petit a besoin :
       D'une salle de bains ou d'une aire des soins corporels dans laquelle il peut avoir une relation chaleureuse et intime avec la personne qui s'occupe de lui. Cela passe par un regard attentif, un respect de son développement là où il en est, une considération et une prise au sérieux de ses activités.
       D'un lieu où il peut développer ses propres activités spontanées dans laquelle l’adulte n’intervient pas directement mais qu’il prend soin d’organiser pour que le bébé ne soit pas seul et soit en sécurité et qu'il dispose d'un environnement propice à son développement.
       D'un lieu de repas et de sommeil afin que le bébé soit en état de bien-être corporel et qu’il puisse ainsi tirer pleinement profit de ses activités spontanées.
       De personnes de références, qui l'aiment et l'entourent d'affection et de respect et avec qui il peut développer des relations stables.







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